La Bible dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même.
Moi, je veux bien. Mais d’abord ça veut dire quoi ce mot « prochain » ? Qui dit ça aujourd’hui ? On parle d’aller voir un « prochain » film, d’un « prochain » épisode de sa série télé préférée ; mais parler de quelqu’un comme étant son « prochain », pour moi ça ne veut rien dire.
Pour nous aider à comprendre, Jésus nous raconte une histoire. Écoutez plutôt ! C’est dans l’évangile de Luc, au chapitre 10, verset 30 : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho ».
Ça tombe bien, on est là ! Jérusalem est de ce côté-ci, Jéricho est de ce côté-là et nous sommes quelque part sur la route entre Jérusalem et Jéricho. Vous voyez que c’est un endroit absolument magnifique. Magnifique oui, mais un petit peu hostile. C’est quand même un petit peu le désert, si vous voyez ce que je veux dire. Alors on espère pour cet homme qu’il ne va rien lui arriver de grave, parce que sinon il serait bien dans la panade…
Manque de bol, c’est précisément ce qui lui arrive ! On nous dit : « Il tomba sur des bandits qui, l’ayant dépouillé et roué de coups, s’en allèrent le laissant à moitié mort ».
Le prêtre
Aïe, aïe, aïe ! Que va-t-il se passer ? J’espère que quelqu’un va venir secourir ce pauvre homme, parce que sinon c’est la mort assurée. Fort heureusement, nous dit-on au verset 31 : « Il se trouva qu’un prêtre descendait par ce chemin ». Mais c’est parfait ! Merci seigneur !
C’est la providence divine. On ne peut pas espérer mieux qu’un prêtre. Les prêtres sont les chefs religieux. Ils ont la charge de faire la médiation entre les hommes et Dieu. Ce sont ceux qui portent les sacrifices, les offrandes. De toute évidence, ce prêtre va venir secourir ce pauvre homme. Eh bien, pas du tout ! : « Il vit l’homme et passa à bonne distance ». Alors là, vraiment, je ne sais pas pour vous, mais franchement ce prêtre me déçoit.
Le lévite
Heureusement, il y a un deuxième personnage qui entre en scène (verset 32) : « Un lévite, de même, arriva en ce lieu ». Ah, formidable ! Les Lévites, c’est qui ? Dans la Bible, au départ les lévites sont ceux qui assistent les prêtres. Ils font partie du même clan, des mêmes familles élargies, si vous voulez. Mais on voit que, siècle après siècle, ils gagnent du galon.
A tel point qu’à l’époque de Jésus, il y a un manuscrit (qui s’appelle le rouleau du temple) qui nous dit que le roi doit être entouré d’un conseil composé d’un tiers de prêtres, d’un tiers de lévites et d’un tiers de représentants du peuple. Autrement dit, les lévites sont pratiquement au même rang que les prêtres. Alors, on se dit : « Ce Lévite, lui, va montrer l’exemple et il va venir secourir cet homme ». Eh bien non, ça ne marche pas non plus ! Rebelote, on nous dit : « Il vit l’homme et passa à bonne distance ».
Le samaritain
Au verset 33, un troisième personnage entre en scène : « Un samaritain, qui était en voyage, arriva près de l’homme ». Qui sont les samaritains ? Ce sont les voisins, au nord. Ils habitent la Samarie, c’est pour ça qu’on les appelle des samaritains. La Samarie est quelque part au milieu du pays, entre la Galilée au nord et la Judée, là où nous sommes. Les samaritains et les judéens ne sont pas spécialement amis. A la base, ils font partie du même peuple. Ils ont le même Dieu ; ils ont la même Torah de Moïse, le même Pentateuque (les dix commandements). Simplement, ils ne sont pas d’accord sur certains points de doctrine, en particulier la question du temple. Les judéens ont un temple à Jérusalem. Ils disent : « C’est là qu’il faut adorer Dieu ». Les samaritains disent : « Non, non, nous avons un temple sur le Mont Garizim, c’est là le bon emplacement pour adorer Dieu ». Cette animosité entre les samaritains et les judéens va dégénérer au point qu’au 2ème siècle avant notre ère, une grosse centaine d’années avant Jésus-Christ, les judéens vont attaquer et annexer la Samarie. Et depuis lors, on peut imaginer que les samaritains ne sont pas spécialement amis-amis avec les judéens.
D’ailleurs, lorsque les judéens vont de la Galilée à la Judée, ils contournent la Samarie pour éviter de se retrouver nez-à-nez avec un samaritain, pour éviter que la situation ne dégénère.
Alors, que va faire ce samaritain ? On peut imaginer plusieurs scénarios : Tout d’abord, il peut avoir envie de se venger. On pourrait le comprendre. Il peut avoir une vengeance un petit peu disproportionnée : « Tu m’as égratigné, eh bien je te tue ». Ce n’est pas ce qu’il va faire.
On pourrait imaginer une vengeance graduée : c’est cette fameuse loi du talion dans le Pentateuque qui dit : « Oeil pour Oeil, dent pour dent, blessure pour blessure. Tu m’as blessé, je te blesse ». Ce n’est pas non plus ce qu’il va faire. On peut imaginer une troisième option qui consisterait tout simplement à s’écarter, passer son chemin, ignorer cet homme, le laisser mourir. Après tout, on ne pourrait pas trop lui en vouloir puisque c’est ce que le prêtre et le lévite ont fait. Eh bien ça n’est pas non plus ce qu’il va faire. On pourrait imaginer un quatrième niveau. C’est ce qu’on trouve dans le texte, au verset 33. On nous dit : « Il le vit et fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui ».
Aider son ennemi
Ici, on atteint un quatrième niveau : c’est l’assistance à personne en danger. Il voit cet homme, qui pourtant est son ennemi. Il va lui venir en aide. Il va l’amener à l’auberge la plus proche.
C’est très bien. Maintenant, il peut le poser à l’auberge et dire : « C’est pas tout, mais je me suis mis en retard, donc je file ! ». Eh bien, ce n’est même pas ça. Il va encore plus loin. Un cinquième niveau, 5ème dan si vous voulez.
Verset 35 : « Le lendemain, tirant deux pièces d’argent, il les donna à l’aubergiste et lui dit :
« Prends soin de lui et si tu dépenses quelque chose de plus, c’est moi qui te le rembourserai quand je repasserai ». » Le samaritain ici s’engage sur ses propres fonds à prendre soin de cet homme jusqu’à sa guérison, y compris quand lui-même s’absente. Alors là, franchement, respect ! Qu’est-ce que cela nous dit par rapport à la question de départ, à savoir : Qui est mon prochain ?
On pourrait penser, en regardant l’exemple du prêtre et du lévite, que ce sont les plus proches parce que c’est ça le sens du mot prochain, c’est celui qui est proche, c’est celui qui est juste à côté, ce sont ceux qui partagent la même foi, la même religion et … qui s’écartent.
Quand on regarde leur exemple on finirait par se dire presque : « Trop de prochain tue le prochain ». Mais Jésus nous montre une voie supérieure. Jésus nous dit : « Eh bien voilà, cet amour du prochain concerne quiconque est là, proche de nous ». On ne choisit pas ceux qui sont à côté de nous. Ce sont ceux-là qu’il faut aimer, même si ce sont nos ennemis, même si ce sont des gens qui nous ont fait du mal.
Ce camarade de classe ou ce collègue de travail qui est un petit peu pénible, c’est lui précisément qui est là, à côté de toi, et que Jésus t’appelle à aimer comme ton prochain.
Jésus a manifesté un amour infini, un amour qui se donne y compris pour des gens qui le détestent, qui le haïssent, qui sont ses ennemis.
C’est cet amour que Jésus nous invite à vivre. C’est ça, le vrai sens d’aimer son prochain comme soi-même.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Présentation : Michael Langlois
Réalisation : Quentin Pouteau
Cette vidéo est une diffusion du 21 février 2022.