Réflexion sur le vendredi saint et l’actualité
« Demain c’est le jour de Pâques. Cette semaine, Elizabeth Parmentier, dans sa chronique, dit que nous sommes dans un long Vendredi Saint parce que l’actualité est rude et qu’il est difficile d’avoir un message d’espérance au milieu de cette violence qui règne dans notre société. Cela a été particulièrement visible lors de certaines manifestations des deux côtés. Fêter Pâques aujourd’hui en pleine guerre en Ukraine, comment peut-on ressentir cela ? Il y a aussi toutes les inquiétudes sur la retraite, l’avenir de la planète, bref, nous sommes dans un monde de violence et d’inquiétude, générateur d’angoisse. »
Pâques : La fête de l’espérance
« Or Pâques, c’est la fête de l’espérance, c’est la clé de voûte du christianisme. Comment alors pouvoir dire quelque chose de positif au milieu de ce tumulte, de ce chaos ? Nous avons repris cette expression du théologien Paul Tillich qui a écrit un magnifique livre intitulé « Le Courage d’être ». Le courage d’être, c’est quoi ? C’est une manière d’être contre le non-être, c’est une manière de détruire ce qui détruit, c’est-à-dire de reconstruire et de ne jamais se satisfaire de la situation dans laquelle nous sommes.
Pâques, c’est exactement cela, c’est la mort d’un homme, homme-Dieu, homme tout court ou Dieu, bref, chacun aura sa propre interprétation sur la personne du Christ. Mais c’est la mort d’un homme qui est victime de la violence absolue d’une société qui va le tuer. Aujourd’hui, c’est le jour du samedi, le jour du temps du silence, car le courage d’être n’est pas une baguette magique. On ne change pas d’un coup la mort en vie, il y a un temps de latence, un temps d’attente.
Ce dimanche matin, ce sont ces femmes qui découvrent le tombeau vide. Il n’y a pas à proprement parler de récit de résurrection dans les évangiles, mais des récits où l’on découvre un tombeau désormais vide. Ce tombeau, c’est aussi celui de nos propres chaos, de nos propres tumultes. Comment passer du chaos à l’harmonie ? Je crois que le message de Pâques cette année résonne peut-être plus fortement que jamais, car il est cette perspective, pas simplement cette joie liturgique, même si c’est cela aussi, même si ce sont les repas de Pâques. Mais c’est vraiment plus que jamais l’idée de ne pas se contenter du chaos, mais d’être actif, d’avoir ce courage d’être. »
Par Jean-Marie de Bourqueney, directeur du journal Réforme