16.05.2021 : Jean 17.11-19 – Prière de Jésus pour ses disciples

Prière de Jésus pour ses disciples

Introduction

Après avoir résumé son Évangile dans son testament, Jésus a une dernière chose à faire pour ses disciples avant de les quitter : il prie pour eux. Il mesure les dangers et les difficultés qu’ils vont affronter. Il connaît les faiblesses de ses disciples, il sait que l’un va trahir et que le premier parmi eux va renier, mais il prie quand même.

Sa prière est plus qu’une prière, c’est aussi un traité d’une belle facture théologique sur la situation de l’Église dans le monde.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Qu’ils soient uns

Ce verset est souvent cité dans les groupes œcuméniques, mais le texte dit qu’ils soient uns comme nous, comme le fils et le père. L’unité dont il est question ici peut être entendue comme une unité entre les disciples, mais aussi comme l’unité interne à chacun. Jésus prie pour que ses disciples soient unifiés, qu’ils réalisent l’unité entre leur foi, leur pensée, leurs paroles, leurs désirs et leurs actions. Dans cette perspective, le contraire de l’unité n’est pas la diversité, mais l’éclatement. Jésus prie pour l’unification personnelle de ses disciples.

Je les ai préservés et aucun d’eux ne s’est perdu

Cette phrase sera reprise au moment de l’arrestation de Jésus lorsque ce dernier ira au-devant de ceux qui le cherchaient et demandera à Pierre de ranger son épée lorsqu’il a voulu le défendre.

La première conséquence de la non-violence de Jésus au moment de son arrestation est que ses disciples n’ont pas été inquiétés. S’il s’était défendu, ceux qui auraient combattu à ses côtés auraient connu le même sort que lui.

Jésus s’est livré pour ses disciples au sens premier du terme.

Pistes d’actualisation

1er thème : Dans le monde sans être du monde

À trois versets d’intervalle, Jésus dit de ses disciples qu’ils sont dans le monde (v.11) et qu’ils ne sont pas du monde (v.14). La tension entre ces deux expressions est le défi de la foi chrétienne : Comment être totalement dans le monde tout en conservant notre différence par rapport au monde du fait de notre foi.

Le philosophe Gustave Thibon a évoqué cette tension en disant : « Face aux incroyants, cultiver tout ce qui nous unit, mais ne jamais renoncer à ce qui nous distingue ; sinon, l’union extérieure se fera aux dépens de notre propre cohésion interne… le chrétien est à la fois le plus distinct et le moins séparé de tous les hommes. » Être dans le monde, le moins séparé de tous les hommes, sans être du monde, en restant le plus distinct.

2e thème : Jésus annonce à ses disciples qu’ils seront détestés

Les disciples porteront une parole de paix, d’amour, de guérison et de réconciliation, et pourtant… ils seront détestés car ils seront différents.

Le professeur Henri Baruk, qui a dirigé pendant des années l’hôpital psychiatrique de Charenton, a travaillé sur l’origine de la haine à partir de ses observations cliniques. Sa conclusion est « que les haines humaines étaient provoquées par la conscience morale refoulée et accusatrice. L’homme qui viole le droit se sent accusé intérieurement et réagit en accusant les autres, d’où la haine inextinguible. » Par leur simple différence, les disciples seront les révélateurs des logiques mortifères de leur monde.

Cette remarque nous pose une question. Si par hasard nous ne sommes pas détestés, est-ce parce que nous vivons dans un monde converti à l’évangile, ou parce que nous avons édulcoré notre témoignage ?

3e thème : Les disciples sont consacrés par la vérité

Consacre-les par la vérité. La consécration évoque la séparation, les disciples sont différents par leur rapport à la vérité. Ce verset nous rappelle celui dans lequel Jésus qu’il était le chemin, la vérité et la vie. La vérité de l’évangile est à la fois un chemin et une vie. Les disciples sont appelés à cheminer dans leur foi, à ne pas rester statiques, bloqués, et ils sont appelés à avoir une foi vivante, qui soit porteuse de vie.

La vraie consécration consiste à être dans le monde sans être du monde, à être toujours en chemin et à être porteur de vie.

Une illustration

La semaine dernière, nous avons entendu que Jésus appelait ses disciples pour que leur joie soit complète, ici Jésus déclare dans deux versets qui se suivent que ses disciples auront en eux une joie complète et qu’ils seront détestés. Peut-on être joyeux quand on est détesté ? C’est le paradoxe de ce texte. Comme il y a des choses qui ne s’expliquent pas, mais qui se racontent, nous avons une illustration de cette contradiction dans le livre des Actes.

À Philippes, Paul et Silas ont été dénoncés aux pouvoirs publics comme agitateurs. Le texte dit qu’ils ont été roués de coups et jetés en prison. Dénoncés, frappés, emprisonnés, que font Paul et Silas. Ils auraient de bonnes raisons de se plaindre, mais le texte dit qu’ils priaient et chantaient des louanges (16.25). Leur joie était si complète qu’elle a fait tomber les murs de leur prison.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 17, 11-19 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-jesus-prie-disciples/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis