01.05.2022 : Jean 21.1-19 – Une nouvelle pêche abondante
Le petit-déjeuner du ressuscité
Introduction
Les évangiles de Matthieu, de Luc et de Jean ont chacun un grand texte sur l’apparition du ressuscité à ses disciples. Chez Matthieu, c’est le grand envoi à être témoin jusqu’aux extrémités de la terre ; chez Luc, c’est la rencontre à Emmaüs dans laquelle Jésus se laisse reconnaître dans la fraction du pain et chez Jean, c’est ce récit d’un petit-déjeuner sur la plage. Jésus retrouve ses disciples en Galilée – le lieu où ils ont reçu leur appel – comme il l’avait annoncé, mais il les retrouve surtout lorsqu’ils ont retrouvé leur métier de pêcheur. C’est dans leur vie quotidienne qu’il les rejoint en tant que ressuscité et qu’il leur adresse une nouvelle vocation.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Pierre retourne à la pêche
La séquence précédente raconte l’apparition du ressuscité aux disciples, puis à Thomas qui étaient enfermés dans leur maison. Jésus a envoyé ses apôtres en mission, mais apparemment ces derniers ne savent pas que faire. Alors Pierre prend une décision subite, il décide d’aller à la pêche, de retrouver son ancien métier, de retourner dans son ancienne vie, mais c’est un échec puisque la pêche est stérile, ils ont travaillé toute la nuit pour rien.
C’est alors qu’une nouvelle fois le ressuscité les rencontre alors qu’ils sont au bout d’une nuit d’échec et qu’il leur adresse un nouvel envoi.
Jetez vos filets
Jetez vos filets. Ce récit fait écho à un passage de l’évangile de Luc. Dans le troisième évangile, les pêcheurs aussi avaient travaillé toute la nuit sans rien prendre, et ils avaient néanmoins jeté leurs filets sur la parole de Jésus. C’est à l’occasion de cette première pêche abondante que Pierre a reçu sa vocation : Désormais tu seras pêcheur d’hommes (Lc 5.10). La réitération de ce récit à la fin de l’évangile marque un nouveau commencement pour les disciples.
Dans le premier récit la pêche surabondante avait conduit Pierre à se jeter aux pieds de Jésus, dans celui-ci elle lui permet de reconnaître le ressuscité dans l’homme qui les attend sur le rivage au petit matin d’une nuit d’échecs.
Pistes d’actualisation
1er thème : Apportez vos poissons
Lorsque les disciples arrivent avec leur barque sur le rivage, Jésus a préparé un feu de braises avec du poisson et du pain, pourtant il leur demande d’apporter leurs poissons.
Ce texte rappelle la multiplication des pains. Jésus n’a pas transformé les pierres en pain, il a multiplié les pains qu’un garçon avait apportés. De la même façon, il ne transforme pas les galets en poissons, il féconde le travail des disciples et bénit les poissons qu’ils ont pêchés. C’est à chacun d’apporter ses poissons pour rencontrer le ressuscité.
Dans l’histoire de la première Église, les chrétiens se sont retrouvés dans le symbole du poisson. C’est à chacun d’apporter ce qu’il a et ce qu’il est au ressuscité.
2e thème : La foi comme amour
Jésus interpelle Pierre : M’aimes-tu ? Cette question est centrale dans le quatrième évangile qui définit la foi à partir de l’amour : Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous ai aimés, que vous aussi, vous vous aimiez les uns les autres. Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes disciples (Jn 13.34-35).
Jésus ne demande pas à Pierre s’il croit en lui, mais s’il l’aime. Chez Jean, la foi chrétienne n’est pas une question de croyance, mais d’amour. Aimer le Christ, c’est le laisser grandir en nous et devenir serviteur de ses prochains. C’est à partir de l’amour que Pierre va recevoir une nouvelle vocation, celle de prendre soin du troupeau, c’est-à-dire d’aimer les brebis dont il a la charge.
La plus belle définition d’un pasteur, c’est un homme, une femme, qui aime les membres de son Église.
3e thème : La réparation du reniement
Pourquoi Jésus demande-t-il à trois reprises s’il l’aime ? Cette répétition fait écho aux trois reniements de Pierre dans la cour du sanhédrin. Par la répétition, Jésus permet à Pierre de s’enraciner dans l’amour qu’il confesse.
Cette répétition fait penser à la liturgie. Pourquoi récitons-nous une confession de foi tous les dimanches ? Pas pour dire ce que nous savons déjà, mais pour nous ancrer dans la foi de l’Église.
C’est au disciple qui a renié et qui a été relevé – pécheur pardonné – qu’est confié le troupeau de l’Église. Un commentaire dit que celui qui a chuté et qui a été pardonné est plus près de Dieu que celui qui n’a jamais fauté, car il sait ce qu’est le pardon.
Parce qu’il a vécu ce que signifie le pardon de Dieu, Pierre peut en être le témoin. On demandait à un moine ce qu’ils faisaient avec ses frères au monastère, il a répondu : « Nous tombons et nous nous relevons. Nous tombons et nous nous relevons. Nous tombons et nous nous relevons encore. »
Une illustration : l’Église comme communauté d’agneaux
Jésus demande à Pierre de prendre soin de ses agneaux.
Jusqu’à maintenant, dans l’évangile, c’est Jésus qui était l’agneau de Dieu, maintenant ce sont les membres de l’Église qui sont assimilés à des agneaux.
Dans la nature, Dieu a donné à chaque espèce animale les moyens de se protéger. Le renard se terre dans son terrier, le caméléon se camoufle, le hérisson se hérisse, l’oiseau vole, le serpent mord, la gazelle court vite et le lapin est prolifique. Un seul animal n’a aucune défense, l’agneau qui devient le symbole d’une Église aux mains ouvertes.
L’Église est un rassemblement d’agneaux qui ont en commun de s’aimer les uns les autres et d’être attachés au Christ.
Pour aller plus loin :
Le pasteur Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage chrétien, pour discuter de Jean 21, 1-19 :
Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis