Joëlle Sutter-Razanajohary, pasteure et secrétaire générale de la Fédération baptiste, a publié un nouveau livre qui suscite des discussions quant aux rôles des hommes et des femmes dans le mariage chrétien. Son ouvrage intitulé Une invitation à la danse, traite de l’interaction complexe entre les textes religieux et les interprétations contemporaines, et se concentre particulièrement sur la façon dont les métaphores bibliques du mariage ont traditionnellement soutenu les structures patriarcales.

Dans son livre, Joëlle Sutter-Razanajohary, militante de la première heure pour l’intégration des femmes dans le ministère au sein de la Fédération baptiste depuis le début des années 2000, examine d’un œil critique les métaphores maritales que l’on trouve dans les Écritures. Elle affirme que ces métaphores ont souvent été interprétées de manière à perpétuer une vision hiérarchique qui place les hommes au-dessus des femmes, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses, notamment la violence conjugale.

L’urgence de son message est soulignée par la discussion de cas spécifiques de violence domestique au sein de sa propre communauté religieuse. Joëlle Sutter-Razanajohary met en lumière deux cas tragiques : celui d’une femme tuée par son mari et celui d’un père qui, à la suite d’une dispute familiale, a assassiné ses enfants avant de se suicider. Selon elle, ces cas sont des exemples extrêmes des dangers inhérents aux interprétations traditionnelles des Écritures qui mettent l’accent sur l’autorité masculine.

Joëlle Sutter-Razanajohary plaide pour un modèle de relation conjugale inspiré de la dynamique d’une danse, plus précisément d’une valse, qui incarne un mouvement fluide et réciproque où le leadership et les rôles sont partagés et échangés. Cette métaphore s’inspire du concept théologique de la Trinité, qu’elle utilise pour illustrer un partenariat égal et mutuel, s’éloignant des structures hiérarchiques et rigides.

Son approche théologique n’est pas seulement une critique, mais une reconstruction des métaphores bibliques pour favoriser des relations plus saines et égalitaires. Elle insiste sur le fait que son travail ne doit pas être considéré dans une optique étroitement féministe, mais comme un effort pour élargir la compréhension des Ecritures d’une manière qui s’aligne sur les valeurs modernes d’égalité et de justice.

L’importance du travail de Joëlle Sutter-Razanajohary est soulignée par l’approbation de Christian Blanc, président du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), qui a préfacé le livre. Un soutien qui indique que les milieux évangéliques reconnaissent de plus en plus la nécessité de reconsidérer les enseignements traditionnels sur les rôles des hommes et des femmes.

Ce livre s’inscrit dans un mouvement plus large au sein du christianisme évangélique qui cherche à réconcilier la foi avec les valeurs sociales contemporaines. L’appel de Joëlle Sutter-Razanajohary en faveur d’une réévaluation des rôles conjugaux au sein de l’Église arrive à point nommé, car il s’inscrit directement dans les débats actuels sur l’égalité des sexes et le rôle des femmes dans le leadership, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des communautés religieuses.

En remettant en question des interprétations bien ancrées et en plaidant pour une compréhension nouvelle et dynamique des métaphores conjugales, le travail de Joëlle Sutter-Razanajohary offre une perspective transformatrice qui pourrait remodeler la façon dont les communautés chrétiennes voient et enseignent les rôles des hommes et des femmes dans le mariage. Sa contribution est une étape cruciale vers une compréhension plus inclusive et équitable de la foi dans le monde moderne.

Production : Fondation Bersier- Regards protestants
Intervenante : Joëlle Sutter-Razanajohary
Entretien mené par : Antoine Nouis
Tournage : Anne-Valérie Gaillard
Montage : Horizontal pictures