En réalité, le personnage que nous connaissons aujourd’hui est un joyeux mélange de traditions qui remontent à l’Antiquité. Le Père Noël n’est ni une invention récente ni un simple produit du marketing moderne, mais le fruit d’une longue histoire culturelle et religieuse.

Saint Nicolas, matrice du personnage

La figure centrale s’inspire d’abord de saint Nicolas de Myre, un évêque ayant vécu au IVᵉ siècle dans l’actuelle Turquie. Personnage historique bien réel, sa vie s’est toutefois enrichie de nombreux récits légendaires.

Selon l’un des plus célèbres, un père trop pauvre pour offrir une dot à ses trois filles risquait de les condamner à un avenir tragique. Informé de la situation, Nicolas serait intervenu en secret, jetant durant trois nuits des bourses d’or par la fenêtre, lesquelles auraient atterri dans des bas ou des chaussures déposées près du feu.

Saint Nicolas devient ainsi le protecteur des plus faibles. Tout au long du Moyen Âge, sa fête du 6 décembre compte parmi les plus populaires d’Europe.

La Réforme et la résistance populaire

Avec la Réforme protestante, le culte des saints est rejeté, perçu comme superstition ou idolâtrie. Martin Luther propose alors de déplacer la distribution des cadeaux à la veille de Noël, le 24 décembre, et d’en attribuer l’origine non plus à saint Nicolas, mais à l’enfant Jésus.

Malgré cela, la dévotion populaire persiste. Saint Nicolas continue d’être représenté avec sa mitre rouge et sa crosse d’évêque.

La métamorphose américaine du XIXᵉ siècle

C’est au XIXᵉ siècle, aux États-Unis, que le personnage se transforme profondément. À New York, on cherche à en faire une figure civique, détachée des traditions européennes. Saint Nicolas perd alors ses attributs religieux pour devenir un personnage rond, jovial, vêtu de fourrure rouge, capable d’entrer par les cheminées.

Progressivement, on l’installe symboliquement au pôle Nord, à distance de toute récupération nationale.

Une religion séculière de la modernité

Aujourd’hui, le Père Noël a tout d’une religion séculière. Il vit dans un lieu inaccessible, sait qui a été sage ou non, et peut se rendre partout en une nuit. Le salut est simplement remplacé par les cadeaux, dans une théologie du mérite toujours très populaire.

Débarrassé de sa croix d’évêque, le Père Noël permet de célébrer charité, générosité et enfance, sans adhésion religieuse particulière. Dans les sociétés pluralistes, il offre un rituel commun, partagé par des familles de toutes convictions.

Alors, autant ne pas s’en priver.