Hansuli Gerber, pasteur retraité et membre de la communauté anabaptiste-mennonite de la Chaux-d’Abel, dans le Jura bernois, examine les traditions pacifistes au sein du christianisme. Il souligne comment des personnalités comme le Mahatma Gandhi ont reconnu que Jésus était le plus grand praticien de la non-violence de l’histoire. Hansuli Gerber suggère que l’affirmation de Gandhi était en grande partie exacte, mais souligne également les exceptions historiques. Les premiers chrétiens, en particulier avant le règne de l’empereur Constantin, ont adhéré au pacifisme, refusant de s’engager dans la violence physique ou la guerre. Cette position non violente est devenue centrale pour certaines communautés religieuses telles que les anabaptistes, les mennonites, les quakers et l’Église des frères.
Ces mouvements pacifistes historiques font de la non-violence un élément clé de leur identité. Leur refus de s’engager dans la guerre n’est pas simplement une réaction contre la violence, mais découle de leur compréhension des enseignements de Jésus. Pour ces communautés, le pacifisme est un rejet de la défense de l’exercice du pouvoir par la violence, se concentrant plutôt sur une approche radicale de la foi qui remet en question les normes sociétales et politiques. Le terme « réforme radicale » est ici significatif, non pas dans le sens moderne d’extrémisme violent, mais dans son engagement à reconsidérer profondément les points de vue et les pratiques traditionnels. Cette approche radicale met l’accent sur la liberté sociale et politique, en particulier la liberté de conscience.
Les anabaptistes rejettent la croyance dominante en la dépravation humaine, affirmant que si l’image divine de l’humanité est corrompue, elle n’est pas entièrement détruite. Par conséquent, ils affirment que les humains sont capables de pacifisme et que la violence n’est pas une réponse nécessaire au mal. Cette perspective spirituelle sous-tend leur engagement en faveur de la non-violence, car ils estiment que tout acte de violence est une offense au divin et à la vie elle-même.
Cependant, Hansuli Gerber note que cette approche radicale de la réforme n’a pas toujours été adoptée de manière uniforme. Pendant des périodes comme le Troisième Reich, certains mennonites d’Allemagne, ainsi que des communautés suisses et françaises, se sont éloignés de leur héritage pacifiste. Le mouvement, qui a vu le jour au XVIe siècle, était diversifié et a connu une évolution théologique importante, en particulier après la Seconde Guerre mondiale. Grâce aux migrations, au travail missionnaire et au dialogue œcuménique, le pacifisme a évolué, surmontant l’isolationnisme et le romantisme antérieurs et forgeant de nouveaux liens entre les communautés religieuses mondiales.
Extrait de la conférence de Hansuli Gerber, issue du colloque « Paix des Eglises, paix du monde ? », organisé du 9 au 11 mars 2022.
Organisateurs : Institut catholique de Paris, Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, Institut protestant de théologie, Institut supérieur d’études œcuméniques
Coproduction : Fondation Bersier – Regards protestants / Réforme – reforme.net
Réalisation : Anne-Valérie Gaillard
Pour aller plus loin :
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