Comment Luther a-t-il été excommunié ?
Le réformateur, principal acteur dans la naissance du protestantisme, n’a pas été exclu de l’église catholique du jour au lendemain. Le 31 octobre 1517, Luther lance un débat sur les indulgences. Grâce à elle, les fidèles pouvaient se voir remettre des peines du purgatoire après la mort, pour gagner plus vite le paradis, et ce contre des actes de piété : prières, pèlerinages, mais le plus souvent à l’époque contre de l’argent. Cette facilité alimentait un véritable commerce que les écrits de Luther vont saper.
Martin Luther et le cardinal Cajetan
Un an après avoir publié ses 95 thèses, Luther voit débarquer de Rome le cardinal Cajetan, un théologien de grand renom qui montre tout le sérieux avec lequel l’Église catholique considère l’affaire Luther. Mais dans leurs échanges qui durent plusieurs jours, les deux hommes ne parviennent pas à se comprendre. Le cardinal, maître général de l’ordre des dominicains, ne jure que par Thomas d’Aquin. Luther, lui, a une préoccupation moins abstraite et plus existentielle sur la juste relation des croyants à Dieu. Mais surtout, Luther s’aperçoit que le premier objectif du cardinal est de lui arracher sa rétractation. Lors de leur dernière rencontre, Luther raconte que le cardinal l’aurait empêché de parler à de nombreuses reprises, et quand il démontra à Cajetan que le texte du pape sur lequel il s’appuyait ne contenait pas ce que le cardinal prétendait, Cajetan se serait emporté : « Va-t’en et ne reviens que si tu veux révoquer. » En privé, Luther dira, je ne veux pas devenir hérétique en entrant en contradiction avec une opinion par laquelle je suis devenu chrétien.
L’excommunication de Luther
Deux ans plus tard, le pape Léon X menace d’excommunier Luther par une bulle pontificale que Luther brûlera en public. L’année suivante, il est excommunié.
Mais récemment, des représentants catholiques et protestants se sont penchés ensemble sur cette histoire. Ils ont officiellement reconnu en 2017 que Luther n’avait pas l’intention de diviser, mais de réformer l’Église.
Quant au cardinal Cajetan, il a appris de cette séparation qu’il était important de considérer l’approche théologique de Luther, inspirée de l’humanisme, qui revient au texte biblique, et de consacrer humblement les dernières années de sa vie, comme Luther, à l’étude de la Bible.
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