Pour le comprendre, il faut remonter à l’Empire romain. Dans l’Antiquité, on célèbre chaque année, à la fin du mois de décembre, les grandes fêtes des Saturnales en l’honneur du dieu Saturne. Et au cœur de ces célébrations se trouve déjà la pratique de l’échange de cadeaux.
Pas par pure générosité, mais par nécessité symbolique. Au cœur de l’hiver, lorsque les jours sont les plus courts, on croit alors aider le soleil à triompher des ténèbres pour inaugurer une nouvelle année. Ces fêtes ont aussi une dimension sociale forte : elles suspendent provisoirement les hiérarchies. Les cadeaux circulent dans tous les milieux, parfois même du patron vers l’employé. Les Saturnales portent ainsi déjà en germe beaucoup du Noël que nous connaissons : une générosité festive et une effervescence sociale qui dépassent les appartenances habituelles.
Noël : du don ostentatoire au don de soi
Le christianisme va transformer profondément le sens des cadeaux, alors souvent ostentatoires et volontairement excessifs. En fixant la date de la naissance de Jésus au 25 décembre, au IVᵉ siècle, l’Église met en avant une autre théologie : celle d’un Dieu qui se donne lui-même, à travers une parole incarnée en un simple nouveau-né.
Le geste du cadeau devient alors, pour les chrétiens, un signe de charité désintéressée, tourné vers les plus fragiles, et non plus une démonstration de richesse ou de pouvoir.
Saint Nicolas, figure fondatrice du don
Au Moyen Âge, s’ajoute la figure de saint Nicolas de Myre, évêque connu pour sa charité légendaire. Selon la tradition, il serait intervenu de nuit pour offrir des cadeaux à de jeunes gens innocents et en danger. Cette figure contribue à inscrire le don dans une logique de discrétion, de protection et de justice.
La Réforme et la redéfinition du cadeau
À la Réforme, Martin Luther convainc les régions protestantes de remplacer la fête de saint Nicolas par celle de l’enfant Jésus, célébrée le 24 décembre, afin de rapprocher le don reçu de la naissance du Christ. Les régions catholiques conserveront, quant à elles, la fête de saint Nicolas ainsi que celle des Rois.
Aujourd’hui encore, les cadeaux de Noël se situent entre ces deux pôles :
– d’un côté, un geste excessif et commercial ;
– de l’autre, un don plus discret, inscrit dans l’intimité familiale, attentif à ceux que nous aimons, mais aussi à ceux qui en ont besoin, en donnant de soi ou de son temps aux plus fragiles.
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