Les filles sont parfaites pour les sciences : rendre visibles celles que l’histoire a effacées

Les filles sont parfaites pour les sciences n’est pas seulement un beau livre de portraits. C’est un ouvrage nécessaire, pensé comme un outil de transmission et d’émancipation. À travers ses pages, il s’adresse autant aux jeunes filles qu’à celles et ceux qui les entourent — parents, enseignants, institutions — pour rappeler une évidence trop souvent oubliée : les sciences sont aussi leur affaire.

Encadré par l’astrophysicienne Isabelle Weuglin et porté par les photographies de Vincent Montcorgé, le livre rassemble 48 portraits de femmes scientifiques. Géophysiciennes, océanologues, chercheuses en laboratoire ou sur le terrain : toutes racontent leurs parcours, leurs choix, leurs enthousiasmes. On y croise notamment Anne Sok, qui étudie les profondeurs de la Terre, ou Catherine Jeandel, spécialiste des océans et de leurs écosystèmes.

Le choix du mot « filles » dans le titre n’est pas anodin. Il renvoie à l’enfance, à ce moment décisif où naissent — ou s’éteignent — les vocations. Avant d’être des chercheuses reconnues, ces femmes ont été des adolescentes curieuses, passionnées, souvent confrontées aux stéréotypes. Le livre rappelle ainsi que les inégalités ne commencent pas à l’université, mais bien plus tôt.

Au fil des pages, les chiffres parlent d’eux-mêmes : aujourd’hui encore, seules 30 % des personnes travaillant dans la recherche scientifique sont des femmes. Pire, dans les musées ou expositions scientifiques, les explications données aux garçons sont en moyenne trois fois plus détaillées que celles adressées aux filles. Une pédagogie différenciée qui, dès l’enfance, oriente et limite.

L’ouvrage s’inscrit dans le combat mené par l’association Femmes & Sciences, qui œuvre depuis des années pour rendre les chercheuses visibles et susciter des vocations. Il évoque aussi l’« effet Mathilda », ce mécanisme d’invisibilisation des femmes scientifiques, décrit dès le XIXᵉ siècle par la militante américaine Matilda Joslyn Gage.

À rebours de cette histoire d’effacement, Les filles sont parfaites pour les sciences ouvre un espace de reconnaissance et d’espérance. Un livre pour réparer la mémoire, mais surtout pour préparer l’avenir.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Camille Perrier
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal pictures