Il est des chants de Noël qui ne cherchent ni l’emphase ni l’éclat. « D’un arbre séculaire » appartient à cette tradition sobre et dense du protestantisme, où la poésie biblique se met au service d’une théologie de l’incarnation. Chanté depuis plusieurs générations, ce cantique puise sa force dans une image simple : celle d’un arbre ancien, presque mort, d’où jaillit pourtant une vie nouvelle.
Inspiré du prophète Ésaïe — « Un rameau sortira du tronc de Jessé » — le chant évoque la naissance du Christ non comme un triomphe spectaculaire, mais comme une promesse discrète, fragile, enracinée dans une longue histoire humaine. À rebours des représentations éclatantes de Noël, il rappelle que l’espérance chrétienne naît dans la pauvreté, la nuit et l’attente.
C’est précisément ce que souligne son interprétation musicale pour le soir de Noël. Sans chercher l’effet, la musique accompagne le texte, en respecte la gravité et la douceur. Chaque phrase semble suspendue, comme pour laisser place au silence intérieur que Noël invite à accueillir. Le chant devient alors prière, méditation, respiration.
Dans un monde marqué par les crises, les incertitudes et la fatigue collective, « D’un arbre séculaire » résonne avec une actualité saisissante. Il ne promet pas une solution immédiate, mais affirme qu’au cœur même de ce qui semble usé ou épuisé, une vie peut encore surgir. Une espérance qui ne nie pas la nuit, mais la traverse.
Écouté le soir de Noël, ce cantique invite à une autre posture : ralentir, écouter, recevoir. Il rappelle que Noël n’est pas seulement une fête, mais un événement spirituel — celui d’un Dieu qui choisit la fragilité pour rejoindre l’humanité.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Tristan Poirier
Technique : Bill Barluet, David Gonzalez, Horizontal pictures
