Dans son livre Fraternité!, paru aux éditions Odile Jacob, Michel de Rosen, vice-président de Télémaque, plaide pour remettre la fraternité au centre des préoccupations sociétales. Selon lui, si la liberté et l’égalité occupent une place importante dans les débats publics, la fraternité reste largement sous-estimée, malgré son rôle crucial pour une société équilibrée.
Michel de Rosen s’inspire de son parcours personnel et professionnel pour explorer cette thématique. Élevé dans une fratrie de six enfants, il a été profondément marqué par la présence de son frère Pierre, porteur d’un handicap mental, qui, selon lui, a incarné une bienveillance sans faille. Il évoque aussi l’influence de son père, auteur d’un manuscrit sur l’altérité resté inédit, qui a contribué à nourrir sa réflexion sur la nécessité d’une fraternité universelle.
Professionnellement, il met en pratique ces idées avec Télémaque, première organisation française de mentorat, qui accompagne les jeunes issus de milieux modestes grâce à un double mentorat par des enseignants et des cadres d’entreprise. Ce programme, exigeant et de longue durée, illustre concrètement sa vision d’une fraternité engagée et transformative.
Dans son ouvrage, Michel de Rosen dresse un constat alarmant : la fraternité est en déclin, affaiblie par des tendances globales telles que l’exode rural et l’invasion des réseaux sociaux, qui favorisent l’isolement et le repli sur soi. Il déplore que 6 millions de Français ne voient que trois personnes par an, un chiffre révélateur d’une solitude croissante.
Face à cette crise, il propose trois scénarios pour l’avenir de la fraternité. Le plus souhaitable, selon lui, est celui d’une fraternité universelle et active, où chacun a le droit d’en bénéficier et le devoir de la partager. Pour Michel de Rosen, il ne s’agit pas seulement d’une valeur morale, mais d’un impératif pour bâtir une société plus juste et solidaire.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Michel de Rosen
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag