L’abandon des illusions et l’amour de la vie

Lors de cette conférence, le philosophe André Comte-Sponville aborde plusieurs thèmes majeurs de la philosophie et de la vie quotidienne, notamment l’importance de l’abandon des illusions et la nécessité d’aimer la vie telle qu’elle est. Selon lui, les illusions, souvent nourries par les espoirs et les attentes irréalistes, conduisent inévitablement à la déception. Il rappelle les mots de Georges Bernard Shaw : « Il y a deux catastrophes dans la vie : l’une est de ne pas satisfaire ses désirs, l’autre est de les satisfaire. » Cette citation illustre selon lui que les attentes et les espoirs, même lorsqu’ils se réalisent, ne mènent pas nécessairement au bonheur.

Il y a aussi l’importance de la désillusion, non pas comme un état de pessimisme, mais comme une forme de sagesse qui permet de vivre pleinement et authentiquement. En abandonnant les illusions, on peut commencer à apprécier la vie pour ce qu’elle est, plutôt que de la juger en fonction de ce qu’elle pourrait être. André Comte-Sponville évoque également la philosophie stoïcienne, en particulier l’idée que nous devons accepter ce qui ne dépend pas de nous et nous concentrer sur ce qui est en notre pouvoir.

La pandémie de covid-19 et les valeurs supérieures

André Comte-Sponville aborde ensuite la pandémie de Covid-19, critiquant la manière dont la société a répondu à cette crise. Il déplore que la santé soit devenue la valeur suprême, éclipsant d’autres valeurs essentielles comme la liberté, l’amour et la justice. Il se réfère au concept de « pan-médicalisme », qu’il définit comme l’idéologie qui place la santé au-dessus de toutes les autres valeurs. Les Évangiles rappelle que l’amour est une valeur supérieure à la santé, affirmant que « l’amour est évidemment une valeur supérieure à la santé, et de très très loin. »

Selon lui, les mesures drastiques telles que les confinements et la fermeture des écoles, qui ont sacrifié l’économie et le bien-être des jeunes pour protéger principalement les personnes âgées. Il insiste sur le fait que les priorités devraient être de protéger les plus vulnérables, en particulier les enfants et les jeunes adultes, car ce sont eux qui ont le plus à perdre en termes de futur. Pour le philosophe, bien que la santé soit un bien précieux, elle ne doit pas être érigée en valeur suprême au détriment d’autres aspects essentiels de la vie humaine.

La question de l’euthanasie et du suicide assisté

André Comte-Sponville considère le sujet sensible de l’euthanasie et du suicide assisté, comme faisant partie des droits de l’homme. Il défend le droit de chaque individu à décider de sa propre mort, particulièrement dans des situations de souffrance extrême ou de maladie incurable. Il faut se positionner en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, tout en insistant sur la nécessité d’une clause de conscience pour les médecins qui s’opposent à ces pratiques pour des raisons éthiques ou religieuses, explique t-il.

Par exemple, il y a le cas de Vincent Humbert, un jeune homme paralysé des quatre membres, pour illustrer la nécessité de permettre à ceux qui souffrent sans espoir de guérison de choisir une fin digne. L’idée que la mort volontaire soit perçue comme une dévalorisation de la vie est écarté par l’intervenant, affirmant au contraire que c’est par amour de la vie et par respect de la liberté individuelle qu’il défend ce droit. Bien que l’euthanasie et le suicide assisté soulèvent des questions morales complexes, il est essentiel de permettre à chaque individu de choisir sa propre fin de vie, avec des garanties légales pour éviter les abus, expose André Comte-Sponville.

Conférence avec André Comte-Sponville
Animation Philippe Malidor
Organisé par l’association ACCOLADE pour Église protestante Unie Bourges Vierzon
Réalisation Jean-François Baudet
Co-production Église Protestante Unie de France Région Ouest et Protestant de l’Ouest
Moyens techniques EPU de Loire-Atlantique