Prédication de James Woody au temple de la rue de Maguelone (Montpellier) dimanche 21 janvier 2024

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Chers frères et sœurs, l’appel des disciples est le point de départ de l’histoire qui nous réunit ce matin. S’il n’y avait pas eu les disciples de la première heure, nous ne serions pas là, nous les disciples de la onzième heure. Il est important d’être reconnaissants pour ce que nous avons reçu et d’être reconnaissants pour cette longue chaîne de transmission qui a fait retentir l’appel du Christ jusqu’à nos oreilles et a provoqué en nous le désir de répondre favorablement et d’orienter notre vie à la suite du Christ. En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, j’aimerais porter notre attention sur le personnage qui deviendra central dans la vie de l’Église catholique romaine, à savoir Pierre, un lointain prédécesseur de l’évêque de Rome. J’aimerais que nous portions trois regards sur trois étapes importantes de sa trajectoire auprès de Jésus pour en tirer les enseignements que l’évangéliste Marc a bien voulu mettre à notre disposition. Pierre laisse ses filets Aussitôt que Pierre (qui s’appelle encore Simon) prend la décision de suivre Jésus, il laisse ses filets, de même que son frère André. Laisser ses filets, c’est laisser les outils de sa profession. C’est abandonner son outil de travail et donc les moyens de sa subsistance. Cela n’est pas sans évoquer la figure d’un autre disciple, Élisée, qui va quitter ses bœufs pour courir derrière Élie, le grand prophète dont il est question dans le premier livre des Rois (1 R 19/19-21). Non seulement cela inscrit Pierre dans la lignée d’Élisée, mais cela fait de Jésus un nouvel Élie, c’est-à-dire une personne qui remettra de l’ordre et de l’espérance dans les vies des Israélites.

Et c’est ce que fera également Jésus, en remettant chaque chose, chaque personne, à sa juste place, et en ressuscitant l’espérance des personnes qu’il croisera. Du côté de Pierre, qui met donc ses pas dans ceux de Jésus et du prophète Élisée, il se place d’ores et déjà dans la situation du successeur. Élisée succédera à Élie, Pierre succédera à Jésus, et nous-mêmes nous succédons à nos anciens – ce qui ne vaut pas moins que la succession apostolique. Cela m’interroge sur un aspect aujourd’hui décisif pour la foi chrétienne et l’avenir du protestantisme : qui appelons-nous à notre suite pour nous succéder ? Qui appelons-nous à nous suivre pour prendre le relai, pour devenir les futurs Élisée, les futurs Pierre ? Je reviens à Pierre qui laisse ses filets de pêche, qui abandonne son outil de travail. Nous pourrions considérer qu’il se met en danger, qu’il sort de sa zone de confort, en quittant son travail à une époque où il n’y avait peut-être pas du chômage de masse, mais il n’y avait pas non plus de grandes garanties pour un pêcheur qui n’allait pas rester collé au lac de Galilée. Certainement y a-t-il dans l’attitude de Pierre un geste héroïque qui peut forcer le respect, mais il y a surtout un réel engagement de sa personne pour répondre favorablement à l’appel qui lui a été fait. Nous-mêmes, nous pouvons nous interroger sur le sérieux de nos engagements, je parle des grands engagements, des engagements qui donnent du sens à notre vie. Que laissons-nous pour nous impliquer vraiment. À quoi renonçons-nous pour mener à bien notre route à la suite du Christ ? (…)