« Le mal ne prévaudra pas » : Christine Pedotti, une espérance lucide pour un monde inquiet

Face aux crises contemporaines, Christine Pedotti ne propose ni consolation facile ni illusion d’un âge d’or perdu. Historienne de formation, elle assume au contraire une lucidité radicale : « Le monde va mal, c’est une constante ». Mais c’est précisément à partir de cette lucidité que se déploie, selon elle, une espérance chrétienne profondément incarnée.

Fille des Ardennes, territoire meurtri par les guerres européennes, Christine Pedotti dit combien la mémoire du conflit habite encore les paysages et les corps. Pourtant, elle rappelle aussi l’immense acquis que représente la paix européenne. Cette tension entre tragédie et réconciliation traverse son parcours, notamment lorsqu’elle évoque l’héritage de Témoignage chrétien, né dans les caves de Lyon en 1941, lorsque catholiques et protestants unis refusèrent la collaboration et les lois antijuives. « France, prends garde de perdre ton âme » : une parole de résistance née au cœur de la nuit.

Aujourd’hui, le constat est sévère. Montée des périls géopolitiques, violences contre les plus vulnérables, crise écologique majeure, affaissement démocratique, attaques contre la vérité elle-même, brutalité des réseaux sociaux, vertige face à l’intelligence artificielle. Dans ce monde instable, où les horizons de sens semblent disqualifiés, une question demeure : quelle espérance est encore possible ?

Christine Pedotti répond sans détour par une affirmation de foi : « le mal ne prévaudra pas ». Non pas parce que les faits lui donnent raison – bien au contraire – mais parce que la foi chrétienne ose affirmer que le mal n’a pas le dernier mot. Cette conviction, dit-elle, n’est pas naïveté mais puissance. Elle nous rend capables du bien, elle nous libère de la paralysie du « à quoi bon », notamment face à l’urgence écologique.

L’espérance chrétienne n’est pas attente passive d’un salut spectaculaire. « Nous n’avons que nos mains », rappelle-t-elle. Mais chaque geste compte, chaque parole résiste à la contagion du mal. Cette espérance se vit au quotidien, dans l’engagement politique, les relations, la construction patiente de la paix.

Au-delà des appartenances confessionnelles, Christine Pedotti souligne enfin la joie de ce qui se vit ici même : le dialogue, la rencontre, la communion entre chrétiens minoritaires mais porteurs d’un bien « infiniment précieux pour le monde ». Une espérance humble, lucide, et résolument active.

production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Christine Pedotti
Propos recueillis par Jean-Luc Mouton et David Gonzalez
Technique : Anne-Valérie Gaillard

A découvrir:

Dans le cadre de la Pastorale nationale de l’Amicale des Pasteurs à la retraite, deux journées de conférences denses et stimulantes ont réuni à Sète des intervenants venus croiser géopolitique, écologie, philosophie et théologie : Pierre Bousquet de Florian sur les nouveaux conflits, Martin Kopp sur la crise climatique, Philippe Gaudin sur l’épuisement des utopies, Rodrigo de Sousa et Céline Rohmer sur les ressources bibliques de l’espérance, avant une conclusion portée par Frédéric de Coninck et Christine Pedotti autour d’une question essentielle : comment vivre et partager une espérance pour aujourd’hui et demain ?