Certes, le pentecôtisme est aujourd’hui majoritaire au sein du protestantisme mondial et suspecté d’être à la conquête du monde. Sauf que ses origines, au début du XXe siècle à Los Angeles, racontent une autre histoire marquée par des engagements inter-ethniques dans une Amérique en proie au racisme.

Le pentecôtisme, une branche du christianisme évangélique aujourd’hui répandue dans le monde, a des origines complexes qui remontent à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

L’un des points de départ les plus célèbres du pentecôtisme est la rue Azusa à Los Angeles, où une mission pentecôtiste s’est développée en 1906 sous la direction du pasteur afro-américain William Seymour.

Avant d’atteindre la rue Azusa, le pentecôtisme avait déjà ses racines dans le cœur du Kansas, où le pasteur Charles Parham avait commencé à enseigner des thèses pentecôtistes. Ces thèses se concentraient sur quatre points principaux : la théologie christologique de Jésus en tant que Sauveur, la croyance en la guérison divine, l’expérience charismatique du baptême du Saint-Esprit et l’attente imminente du retour de Jésus-Christ. Charles Parham avait fondé une école biblique pour enseigner ces thèses, et en 1901, lors d’une veillée de prière, il a affirmé avoir observé pour la première fois une expérience de glossolalie, c’est-à-dire de parler en langues, chez un de ses disciples.

William Seymour, un pasteur afro-américain ayant entendu parler de ces enseignements de Charles Parham, a suivi ses cours, bien qu’en raison des lois de ségrégation de l’époque, il ne puisse pas y assister officiellement dans la salle de classe. Il a finalement quitté le Kansas pour Los Angeles, où il a commencé à prêcher les thèses pentecôtistes. Cependant, cette prédication a été mal accueillie par l’église où il avait été invité à parler, et il en a été expulsé.

Malgré cette expulsion, certains ont suivi William Seymour et il a ouvert une réunion de maison avant de fonder la mission de la rue Azusa en 1906. Au cours des trois années suivantes, de 1906 à 1909, il y a eu une véritable explosion du pentecôtisme rue Azusa et le mouvement s’est rapidement fait remarquer dans la presse, créant à la fois de l’admiration et de la controverse.

La particularité de la rue Azusa réside également dans le fait qu’elle a été l’un des premiers mouvements chrétiens inter-ethniques en Amérique, en dépit des lois de ségrégation en vigueur à l’époque. Cette dimension inter-ethnique et l’acceptation de l’autre étaient profondément enracinées dans les premiers pentecôtismes, en contraste avec certaines images contemporaines d’extrémisme évangélique.

En ce qui concerne la question de la non-violence, le pentecôtisme des débuts, jusqu’aux années 1980, a tendance à prendre une position apolitique en se concentrant sur le retour imminent du Christ. L’urgence du retour du Christ prenait le pas sur d’autres préoccupations. Cependant, il y a eu des exceptions notables, notamment en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Certains pasteurs pentecôtistes ont pris des positions politiques plus fortes, allant même jusqu’à s’engager dans la résistance et la protection des Juifs persécutés par le régime nazi. Ces pasteurs ont été reconnus comme « justes parmi les nations » pour leurs actes héroïques de sauvetage.

En résumé, les origines du pentecôtisme sont complexes, avec des racines remontant au Kansas avec Charles Parham, et culminant dans la mission de la rue Azusa sous la direction de William Seymour. Le pentecôtisme a une histoire de diversité, allant de mouvements apolitiques à des actes héroïques de résistance et de non-violence. Il ne peut pas être réduit à une seule vision politique ou théologique, mais plutôt à une palette de croyances et de pratiques.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : David Gonzalez
Réalisation : Horizontal pictures
Intervenant : Alexandre Antoine

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