Certains disent, « pour combien de temps ? » Face aux entrepreneurs de haine, qui se nourrissent de l’ignorance, la formation est un enjeu capital. Une exigence comprise par André Mano, rencontré fin 2015, qui nous fait découvrir une nouvelle Université burkinabè.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle André Mano, je suis le secrétaire général de la nouvelle Université évangélique du Kadiogo à Ouagadougou, qui a été créée à partir de fin 2013. Avant cela j’ai été pasteur d’une église du Centre International d’Evangélisation (conduit par Mamadou Karambiri) durant 25 ans. J’ai également été secrétaire général du CIE. Je ne suis pas né dans une famille chrétienne. Je viens d’une famille que je définirais comme catholico-animiste. J’ai rencontré le Christ par conversion.
Qu’est-ce qui vous a conduit à accepter cette nouvelle fonction ?
Je suis passionné par la recherche, je suis sociologue de formation. J’ai été formé à Ouaga mais aussi à l’Université d’Abidjan, l’Université de Cocody. Après ma formation là-bas, me suis converti. En lisant la Bible, dans ma chambre d’étudiant. Par la grâce de Dieu ! Le Seigneur m’a rencontré personnellement. Je lisais, je posais des questions à Dieu, Il s’est révélé à moi. Avant cela, j’étais déçu de la religion, des divisions entre chrétiens. Mais Dieu s’est révélé à moi. J’ai ensuite rejoint les Assemblées de Dieu (ADD), la FEME (Fédération Evangélique du Burkina) et le CIE de Mamadou Karambiri. Durant des années, il a été question d’ouvrir une université évangélique à Ouagadougou, pour mieux former les étudiants, la jeunesse, et les futurs pasteurs. Le projet était là, mais cela traînait. Finalement, on s’est lancés.
« Pour nous, l’éducation doit être sans couleur »
Quel a été l’élément déclencheur de cette prise de conscience ?
Il se trouve que la communauté évangélique au Burkina a été pionnière dans l’éducation primaire privée et secondaire privée. Les évangéliques gèrent plusieurs centaines d’écoles dans ce pays. Et ce que nous appelons le « collège protestant » a constitué le creuset de beaucoup d’autorités politiques aujourd’hui même. Jusqu’au niveau secondaire, les églises ont dont fait un très gros effort de formation. Mais ensuite, tout se bloque. Où aller pour poursuivre ? Il fallait la toiture. L’université est une toiture, un sommet de l’éducation scolaire. Il fallait créer l’université. Nous allons terminer notre travail. L’objectif, de pouvoir une éducation solide, qui donne de bons repères, et qui est empreinte de la « crainte de Dieu », c’est à dire avec de la foi et de l’intégrité. C’est très important. Nous commençons à développer des départements de sciences économiques et de gestion, puis un département de communication. Nous avons pensé que c’était bien de créer aussi un département de langues étrangères appliquées, notamment pour former des interprètes et des traducteurs en anglais et en espagnol. Ensuite, nous voudrions nous étendre aux autres filières, à savoir la filière juridique et la filière médicale. La filière théologique est là aussi bien-sûr, les cours ont lieu à la FEME. Nous voulons que nos différents pasteurs aient une formation universitaire solide en théologie, car il faut se dire qu’il y a beaucoup de dérives en ces temps ci. Nous avons besoin de pasteurs solides, bien formés, qui résistent aux discours fallacieux qui sèment la discorde et la confusion.
Quels étudiants acceptez-vous ?
Pour nous, l’éducation doit être sans couleur. C’est ce que nous faisons. Nous tenons à ce que les étudiants aient la crainte de Dieu, mais ils viennent de tous bords. Nous avons des catholiques (y compris une religieuse), mais aussi des musulmans et des animistes. Et la majorité des enseignants sont musulmans ! Quelques évangéliques enseignent aussi, ainsi que certains catholiques. Notre structure est sans discrimination. La théologie est plutôt évangélique, mais pourquoi pas accueillir d’autres élèves ? Par ailleurs, pour l’instant, nous avons plus de femmes que d’hommes parmi les élèves.
Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Pour l’instant, nous nous réunissons dans des locaux provisoires, mais nous voulons construire sur terrain propre. Nous aspirons à diversifier nos filières et à attirer, à terme, des étudiants de toute l’Afrique sahélienne. Pour l’instant, nous sommes à la recherche de financements et de coopérations. Nous avons deux conventions déjà signées, l’une avec l’université privée locale Aube Nouvelle, l’autre avec l’Université publique de Ouagadougou. Nous sommes aussi attachés à la francophonie. L’union fait la force. Que cette voix se fasse entendre au concert des nations. Si un soutien peut venir de cette direction, il est le bienvenu.