Formation musicale
En 2006, un sondage BVA nous apprenait ainsi que 68% des Français ont appris, ou souhaiteraient apprendre à jouer d’un instrument de musique(1) . Et les chorales où l’on apprend à poser sa voix ne désemplissent pas ! Entre master class ponctuelle à Paris, cours particuliers, petites écoles de chant ou centres plus ambitieux (cf. la Rythm’N Harmony School récemment créée dans la capitale), les pistes de formations s’ouvrent, mais dans un paysage pour le moment fragile et précaire. Comment organiser la formation ? Quelle part donner au professionnalisme (qualité de la voix et de la pratique vocale), aux convictions personnelles, à l’étiquette confessionnelle ?
Relations avec les institutions religieuses
Une autre question en suspens est celle des relations avec les églises et institutions protestantes existantes, et, au-delà, avec les institutions chrétiennes. A l’occasion de « Protestants en fête 2013 », grand rassemblement interprotestant sous l’égide de la Fédération Protestante de France (FPF), l’événement « Paris d’espérance » a été l’occasion d’offrir une grande visibilité aux oeuvres protestantes. Le projet Mosaïc, chargé des relations avec les Églises d’immigration, s’est beaucoup appuyé sur les chorales Gospel pour illustrer la diversité protestante. Du côté du catholicisme, depuis la vogue controversée des « messes rythmées » post-Vatican II(2) , les chorales Gospel sont parfois aussi conviées lors d’événements à forte visibilité, bien qu’on ne puisse tout à fait les comparer à ce qui peut s’observer en terrain protestant. Mais au-delà du symbole ou du recours ponctuel, que conclure des relations avec les institutions ? Les chorales Gospels sont-elles de simples adjuvants décoratifs et populaires, où interrogent-elles plus profondément les Églises en place, par leurs pratiques souvent oecuméniques et interculturelles ?
Enjeux linguistiques
Enfin, les réélaborations linguistiques complexes entre langue française, langue créole et répertoire anglophone posent la question du rôle de la matrice sociale et culturelle française, face aux logiques transnationales. Le poids de l’anglais, à la fois au sein du protestantisme mondial et à l’intérieur du marché musical, reste considérable. Comme le résume Rebbie Nkashama dans Gospel News (2012) : « Un défi de taille pour le monde francophone. Trouver une réelle identité face à la musique anglophone. Non pas que l’exercice de traduction soit dénué de charme, mais la langue de Molière mérite d’être écoutée et appréciée ». Mais qu’entendre par « langue de Molière » ? Une langue française classique, ou une langue nourrie d’hybridations, d’emprunts et de créations nouvelles ?
Une chose est sûre : la langue de la musique Gospel n’est pas décorative, mais elle a pour vocation de transmettre. Elle réactualise un trait fondamental de la culture protestante, qui démocratisa le chant choral au XVIe siècle au nom de ce principe simple: communiquer la grâce de Dieu au plus grand nombre, dans un langage compréhensible qui permette de d’enseigner une « Bonne Nouvelle ». Autrement dit l’Évangile, traduction française du mot Gospel !