Michel Barnier a été désigné Premier ministre par Emmanuel Macron, jeudi 5 septembre, après des semaines de tractations et plusieurs noms évoqués. À 73 ans, il est le Premier ministre le plus âgé de la Ve République. Il devra faire preuve de diplomatie pour diriger un gouvernement sans majorité à l’Assemblée nationale. Membre du parti Les Républicains (LR), il s’est forgé la réputation d’être "pragmatique" et bénéficie d’une expérience territoriale, nationale et internationale.

Négociateur du Brexit

Dès 2016, Michel Barnier est nommé négociateur en chef pour l’Union européenne, chargé de mener les négociations liées au Brexit. Sa mission s’arrête le 24 décembre 2021, après l’accord trouvé avec le Royaume-Uni. "Nous aurions pu avoir bien pire que le pragmatique et expérimenté Barnier", avait assuré Syed Kamall, chef de la délégation du Parti conservateur britannique au Parlement européen. Européen convaincu, Michel Barnier a été commissaire européen à la politique régionale en 1999, puis député européen et commissaire européen au marché intérieur et aux services. Ses qualités de négociateur ont été saluées après sa nomination au poste de Premier ministre. Pour le député LR Vincent Jeanbrun, cité par La Croix, "c’est un homme d’État. Un homme de consensus et de négociation comme il l’a prouvé lors des négociations du Brexit, ce qui est indispensable dans la période que nous connaissons".

Candidat aux primaires LR en 2021

En 2021, Michel Barnier s’est présenté aux primaires du parti Les Républicains en vue de la présidentielle de 2022. Se détachant d’une ligne centriste du gaullisme, il avait amorcé un virage droitier en plaidant notamment pour un "moratoire" de trois à cinq ans sur l’immigration. Le candidat plaidait pour une rigueur budgétaire, mais aussi pour la retraite à 65 ans, relate L’Express. Il disait également vouloir combattre "l’assistanat" et défendait la lutte contre la fraude sociale, particulièrement à l’Assurance maladie. Concernant l’environnement, il proposait un "grand plan national d’isolation des logements" et souhaitait réinvestir dans le nucléaire et dans les énergies renouvelables. Il avait été éliminé à l’issue du premier tour, arrivant en troisième position derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse.

Michel Barnier a été quatre fois ministre

Rapidement engagé en politique, il est élu député de Savoie en 1978, devenant, à 27 ans, le benjamin de l’Assemblée nationale, rapporte franceinfo. Il a été ministre de l’Environnement de 1993 à 1995, lors de la cohabitation pendant laquelle Edouard Balladur était le Premier ministre de François Mitterrand. De 1995 à 1997, sous la présidence de Jacques Chirac, il devient ministre délégué aux Affaires européennes. Il est ensuite ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2005, avant d’être nommé ministre de l’Agriculture et de la Pêche, de 2007 à 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Organisateur des JO d’Albertville en 1992

Michel Barnier a été président du conseil général de Savoie durant dix-sept ans et fait partie de ceux qui ont défendu la candidature d’Albertville pour les Jeux olympiques d’hiver de 1992. Il devient ensuite coprésident du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’Albertville avec Jean-Claude Killy, triple champion olympique de ski alpin à Grenoble en 1968. Cette expérience olympique lui a permis de "gagner en notoriété", comme il le reconnaissait lui-même, indique franceinfo.

Les relations entre Michel Barnier et Emmanuel Macron

Le nouveau Premier ministre rejoint Emmanuel Macron sur plusieurs sujets comme l’économie et l’Europe, rappelle Le Monde. Toutefois, pendant la précampagne présidentielle de 2022, il avait dénoncé une présidence "verticale, arrogante et solitaire". Michel Barnier, qui souhaitait devenir président de la Commission européenne en 2019, a gardé une amertume contre Emmanuel Macron, persuadé que celui-ci n’avait pas soutenu sa candidature. En 2020, il avait été approché par l’Élysée pour remplacer Édouard Philippe à Matignon, mais il avait refusé de quitter son parti, Les Républicains. Il est ensuite resté en contact avec Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, avec lequel il trouvait des points d’accord sur de nombreux sujets.