« De tout cela, je vous demande sincèrement pardon. » L’affaire Santier continue de remuer l’Église. La semaine dernière, une sanction romaine contre Mgr Michel Santier, évêques de Créteil entre 2007 et 2021, a été révélée. L’ancien évêque dans le Val-de-Marne avait instrumentalisé le sacrement de confessions à des fins sexuelles. Deux jeunes hommes étaient concernés par cette affaire datant des années 1990, tandis que de nouveaux signalements sont connus depuis le 20 octobre 2022. « Jeudi soir, nous apprenions que trois nouvelles personnes, victimes de Michel Santier alors qu’il était prêtre à Coutances, se sont manifestées. Ces nouvelles révélations nous atteignent très douloureusement« « , explique Mgr Blanchet, l’actuel évêque de Créteil, dans un communiqué publié le 21 octobre.

Ce message défend plusieurs objectifs : présenter les excuses de l’Église, du moins celles du Val-de-Marne, envers les victimes, pousser ces dernières à s’exprimer et expliquer aux fidèles le long processus de compréhension et de dialogue que cette affaire oblige. « Je supplie les personnes victimes qui le voudraient, de se manifester auprès de la cellule d’écoute diocésaine, de façon à initier autant qu’il sera possible pour elles un chemin de reconnaissance et de réparation« , peut-on lire dans le communiqué. Un chemin vers la compréhension semble être emprunté : « Nous sommes aujourd’hui conduits à ouvrir les yeux sur la capacité destructrice de tout abus spirituel, de tout abus de confiance contre lesquels toutes les préventions possibles sont à mettre en œuvre.« 

Une prise de conscience tardive pour les victimes

Et pour autant, les erreurs et les violences envers les victimes continuent d’être perpétuées. Mgr Blanchet a été mis au courant des agissements de Mgr Santier fin 2019, a été informé des mesures disciplinaires prises par Rome en octobre 2021. Et pourtant, le 12 avril dernier, Mgr Blanchet a invité Mgr Santier à la messe chrismal de Créteil. Comme le précise La Croix, « sur le site du diocèse sont toujours en ligne des photographies de la célébration, sur lesquelles on voit Mgr Santier marcher à la gauche de son successeur lors de la procession d’entrée, puis le côtoyer à l’autel pendant la liturgie de l’eucharistie. » Des faits qui semblent antinomiques avec les déclarations précédemment citées.

« Je comprends que certains jugeront que cette option était une erreur. Je ne ferais pas le même choix aujourd’hui« , a-t-il déclaré au journal Libération, qui a révélé l’affaire. « J’ai conscience aussi d’ajouter encore à votre épreuve par les erreurs de jugement qui furent les miennes depuis que je suis votre nouvel évêque, concernant cette affaire. J’ai enfin conscience de votre reproche que j’ai pu croire Mgr Santier lorsqu’il disait n’avoir commis ces faits que sur les deux personnes victimes« , a-t-il encore écrit dans le communiqué avant d’ajouter, « de tout cela, je vous demande sincèrement pardon« .

L’homme derrière ces crimes est actuellement à l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte et assure avec les sœurs de Sainte Marie-Madeleine un ministère de chapelain où il y célèbre toujours des messes publiques… Face à la prise de conscience, et près de 3 ans après l’aveu de l’évêque sur une partie de ces crimes, la décision a été prise de « demander à Mgr Michel Santier de ne plus célébrer publiquement les sacrements, dont celui de l’eucharistie, chez les sœurs ». Une situation qui était intenable pour les victimes.