L’affaire de L’Arche et de son fondateur Jean Vanier a pris une nouvelle tournure. Un rapport de 900 pages a été publié par la Commission d’Étude mis en place par L’Arche en 2020. Le document détaille « la trajectoire de Jean Vanier, l’histoire de fondation de l’Arche et les dynamiques institutionnelles à l’œuvre au sein de l’organisation« . L’Arche est association créée en 1964 par Jean Vanier qui gère des centres d’accueils pour personnes handicapées.
« Emprise, abus sexuels, délire collectif, corruption théologique de notions au cœur du christianisme, dévoiement spirituel, manipulation, représentations incestueuses des relations entre Jésus et Marie. Le dossier est lourd… Si nous n’avons certainement pas rassemblé toutes les pièces du puzzle, il y en a suffisamment pour reconstituer le tableau avec précision”, explique Florian Michel, historien et expert de L’Arche.
« 25 femmes majeures, célibataires, mariées ou consacrées, non handicapées, ont ainsi été identifiées pour avoir vécu, à un moment de leur relation avec Jean Vanier, une situation impliquant un acte sexuel ou un geste intime entre 1952 et 2019« , explique le communiqué de presse de L’Arche. « Dans leur diversité, ces relations, parfois concomitantes, s’inscrivent toutes dans un continuum de confusion, d’emprise et d’abus« , précise l’association. À l’origine de ces abus, il y a « l’adhésion de Jean Vanier aux doctrines de Thomas Philippe et aux pratiques qui s’y rapportent« . Thomas Philippe est un prêtre dominicain français qui fut jugé coupable d’abus sexuel en 1956 à la suite d’une enquête canonique et reconnu coupable en 2015 de nombreux abus à caractère sexuel dans le cadre de l’accompagnement spirituel sur des femmes majeurs suite à une nouvelle instruction canonique.
Jean Vanier entretenait un climat sectaire au sein de L’Arche
C’était au sein d’un « microsystème » dans L’Arche que Jean Vanier mettait en place des rapports mystico-sexuelles. « Il y a bien une logique sectaire à la fondation » de L’Arche, précise Florian Michel. C’est avec le secret d’une communauté réduite, marquée par « l’absence de dispositif fiable pour recueillir la parole des victimes« , qu’ont pu perdurer ces dérives. « Il fait glisser l’accompagnement spirituel progressivement et habilement vers des relations sexuelles sous emprise. Jeunes, religieuses, célibataires ou mariées, membres ou proches de L’Arche, dans une phase compliquée de leur vie ou en grande recherche spirituelle…« , rapporte La Croix.
« La relation d’autorité légitime à laquelle Jean Vanier forme les membres de L’Arche s’appuie sur leur soumission (aimante, confiante et éclairée)« , précise la commission. « La fascination collective pour la figure prophétique et l’autorité charismatique, imbrication entre les sphères de l’intime, de la vie privée, de la vie professionnelle, spiritualisation omniprésente, personnalisation du pouvoir« , sont « les éléments constitutifs de l’emprise« , rapporte La Croix du rapport.