L’affaire Joël Guerriau est-elle révélatrice d’un problème plus large autour de la « drogue du viol » en France ? Lundi 20 novembre, la députée Sandrine Josso s’exprimait sur le plateau de l’émission « C à vous » sur France 5, pour donner sa version des faits après avoir accusé le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée à son insu, en vue de commettre une agression sexuelle.

La parlementaire a expliqué sur le plateau qu’elle était allée fêter la réélection de son collègue sénateur, en rendant visite à cet ami de longue date. Surprise par le goût du champagne dont il lui a donné un verre, elle affirme que Joël Guerriau mettait aussi la lumière très fort avant de la baisser. Cette technique est connue pour « augmenter l’efficacité de la drogue », selon les médecins de l’hôpital Lariboisière qui l’ont prise en charge.

La « drogue du viol »

La députée explique avoir souffert de palpitations, suées, et senti ses jambes trembler. Elle s’est rapidement aperçue de son état et a « cru mourir », tandis qu’elle parvenait à s’échapper, en prenant un taxi. «J’étais paniquée, mon cœur battait… J’avais l’impression de faire une crise cardiaque », raconte-t-elle, avant d’ajouter : « On peut tous subir ce que j’ai subi ».

La députée souhaite sensibiliser au fléau de la soumission chimique, car les médecins de l’hôpital Lariboisière lui ont confié prendre en charge des victimes au quotidien. Qu’est-ce que la soumission chimique ? Pour donner une définition claire, france info rappelle qu’elle est inscrite dans le Code pénal, comme « le fait d’administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes » et donc de porter atteinte à son intégrité physique, le plus souvent en vue de commettre une agression sexuelle.

Le terme vient des années 1990, avec l’apparition de la fameuse « drogue du viol », le GHB. Cette drogue, versée dans les verres à l’insu des personnes, le plus souvent des femmes, s’est propagée dans le milieu de la fête et de la nuit. Mais il n’y a pas nécessairement de victime cible, comme l’explique auprès de france info l’avocate pénaliste Caty Richard. Elle prend pour exemple une jeune fille droguée par le grand frère de son amie dans une soirée pyjama, ou encore une femme droguée par son conjoint afin d’abuser d’elle.

Un phénomène difficile à estimer

Le phénomène est connu mais il est difficile à estimer car les victimes ne sont pas toujours conscientes d’avoir été droguées et abusées. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament, il y a eu 727 signalements en 2021, contre 539 en 2020.

En 2023, l’affaire Dominique P. a défrayé la chronique, car l’homme est soupçonné d’avoir drogué sa conjointe, afin de la livrer aux viols d’une cinquantaine d’hommes. La fille de Dominique P., Caroline Darian, a fondé une association appelée « M’endors pas : stop à la soumission chimique » pour lutter contre ce fléau. Elle permet notamment d’alerter et de former à ces cas qui adviennent, le plus souvent, dans la sphère privée.