“Nous avons besoin d’une police qui nous protège, mais nous n’avons pas besoin de policiers comme ceux-ci, qui exercent des violences gratuites”, a lancé l’avocat général devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis. Trois ans de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction d’exercice professionnel sur la voie publique, cinq ans d’interdiction de port d’arme. C’est ce qu’a requis l’avocat général contre le principal accusé, Marc-Antoine C., après dix jours d’audience dans le cadre du procès de l’affaire Théo Luhaka. Pour ses deux collègues, Jérémie D. et Tony H., six mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercice sur la voie publique pour l’un, trois mois de prison avec sursis pour l’autre ont été requis.

Ces trois policiers, qui encourent respectivement quinze ans de réclusion criminelle, dix ans d’emprisonnement et sept ans d’emprisonnement, sont accusés d’avoir commis “des violences volontaires” lors d’une intervention le 2 février 2017. Lors d’un contrôle d’identité, Théo Luhaka, âgé de 22 ans, est gravement blessé par un coup de matraque télescopique : l’arme perfore les chairs situées près de l’anus, lui causant une incontinence anale permanente. Durant sa plaidoirie, Loïc Pageot, l’avocat général, évoque cette infirmité permanente, et parle d’“une vie brisée”, ce qui explique la tenue du procès devant une cour d’assises.

“Je suis mort le 2 février”

Cette prise de parole s’effectue au dixième jour du procès, alors même que, comme le rappelle Libération, les trois policiers ainsi que Théo ont déjà eu l’occasion de s’exprimer devant la cour. Marc-Antoine C., qui a porté le coup de matraque, avait qualifié la blessure de Théo de “désolante” en exprimant sa “profonde compassion” à l’égard du jeune homme. Il n’avait pas hésité à souligner sa propre souffrance, tout en estimant “avoir été victime d’une médiatisation, d’une crucifixion politique”. Théo, quant à lui, a raconté son traumatisme, en expliquant ne pas faire grand-chose : “Aujourd’hui, je suis à la maison et je suis handicapé.” Il ajoute : “La réalité, c’est que moi, je suis mort le 2 février 2017.”

Lors de sa plaidoirie, l’avocat général est revenu sur les gestes portés par les policiers, qu’il a qualifiés de “gestes d’énervement, de vengeance, de violence gratuite, de violence policière”. Comme le précise Le Figaro, l’avocat de Théo, qui a rejoint l’avocat général, a ajouté : “Ce procès n’est pas le procès de la police, de la malchance, de l’accident, de la légitime défense. C’est celui de la violence illégitime. Ce procès n’est pas le procès d’un coup de matraque, c’est le procès de toute cette interpellation.”

Ce vendredi 19 janvier, les trois policiers seront fixés sur leur sort à l’issue des délibérations de la cour d’assises de Seine-Saint-Denis.