Il y a un an, l’opération Wuambushu devait enrayer les multiples problèmes sécuritaires dont est victime Mayotte. En vain. L’île de 374 km², située à 70 km des côtes comoriennes, compte 321 000 habitants dont 50% d’étrangers. Parmi eux, 25% sont en situation irrégulière. Mardi 16 avril, Le Parisien annonce une nouvelle opération. De grande envergure, elle devrait s’étaler sur plusieurs semaines et mobiliser quelque 1 700 représentants des forces de l’ordre. Cette fois encore, l’insécurité et la lutte contre l’immigration clandestine sont dans le viseur de l’État.

Un objectif ambitieux sur l’île de l’océan Indien où la situation sociale et sécuritaire reste explosive. Cette fois, l’opération se concentrera sur deux secteurs précis de Mayotte, dans le but d’interpeller des individus défavorablement connus des services de police. “On constate une violence urbaine très importante, avec des caillassages et des affrontements très violents qui pourrissent la vie des habitants. Le premier objectif est donc de neutraliser les personnes à l’origine de ces actes, principalement des chefs de bande”, explique au quotidien Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer. Parallèlement, lors des prochaines semaines, 1 300 “bangas” devraient également être détruits. Pour reloger temporairement les centaines de familles concernées, le ministère du Logement a débloqué une enveloppe de 5 millions d’euros.

“Situation de terreur”

Quand il décrit la situation de son île, Mansour Kamardine, député (LR) de Mayotte, parle de “situation de terreur pré-insurrectionnelle”. Marie Guévenoux, elle, s’appuie sur les chiffres pour dire que les efforts réalisés il y a un an n’ont pas été inutiles. Elle chiffre à 25 000 le nombre d’étrangers en situation irrégulière expulsés au cours des douze derniers mois. Elle évoque aussi les interpellations de 60 chefs de bande et 700 “décasages”, c’est-à-dire des destructions d’habitations illégales et insalubres appelées localement “bangas”.

Pour épauler les forces de l’ordre, l’armée va mettre deux vedettes à leur disposition. Les embarcations permettront d’intercepter en mer ceux qui se livrent à du trafic migratoire depuis les Comores. Un navire de la marine nationale sera aussi envoyé au large du canal du Mozambique, afin de couper la route des migrations venues des Grands Lacs.

Deux projets de loi en cours de rédaction

Pendant ce temps, en métropole, deux projets de loi concernant Mayotte sont en cours de rédaction. Ils devraient être présentés en Conseil des ministres le 22 mai. Le premier est un projet de loi classique sur la sécurité, l’immigration, puis le développement économique et social de l’île. Le second passe par une révision de la Constitution, afin de supprimer le droit du sol à Mayotte et, ainsi, stopper net l’afflux migratoire venu des Comores. Ce dernier projet ne fait pas l’unanimité dans la classe politique française. Les avis sont même partagés au sein de la majorité présidentielle.