Dans la presse, on ne compte plus les articles laudatifs autour de la première édition du Festival Black Helvetia, qui s’est tenu à La Chaux-de-Fonds en octobre dernier. Et pourtant le propos n’était pas couru d’avance : comment thématiser la place des femmes noires en Suisse ? Historiquement peu présentes, invisibilisées, sous-représentées, de cultures diverses… alors que les afrodescendantes font aujourd’hui partie intégrante de toutes les couches de la société.
C’était sans compter sur l’audace de Brigitte Lembwadio, avocate et présidente de l’association Mélanine Suisse, et des quinze femmes afrodescendantes qui ont imaginé ce festival. « Au départ, nous l’avions prévu sur un week-end. Puis, très vite et à l’unanimité, nous avons voulu mettre sur pied un événement plus ambitieux. On attend trop souvent les femmes noires dans les petites choses », regrette l’avocate. Covid oblige, beaucoup de forces s’en sont allées. Six femmes sont restées, rejointes plus tard par une nouvelle alliée.
Nous sommes en 2021, le temps de trouver des sponsors. « Un monde inconnu… On apprend tout en faisant », se souvient Brigitte Lembwadio. L’argent rentre enfin, des subventions fédérales, cantonales et privées. « C’est allé très vite : rechercher les salles, poser la première saison, choisir La Chaux-de-Fonds… Un rythme de travail intense », se souvient la présidente de Mélanine Suisse. Quant au programme, il sera de haut vol ! Culture, entrepreneuriat, conférence, film, exposition, atelier parents-enfants, humour… rien n’est laissé au hasard. Jusqu’à la soirée de clôture, qui a réuni la marraine du festival, la cantatrice Barbara Hendricks, ambassadrice du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et l’ancienne ministre de la Justice française Christiane Taubira. Deux femmes noires qui ont partagé leur parcours de vie de « femmes publiques condamnées à […]