Le Premier ministre François Bayrou a dressé un constat alarmant sur la situation budgétaire de la France, mardi 15 avril, à l’issue d’une réunion d’un « comité d’alerte sur le budget » dans la matinée. Il a estimé que « seule une prise de conscience de nos concitoyens » pouvait « soutenir une action déterminée » de redressement des comptes publics. Il a qualifié la dette française, qui s’élevait à 113% du PIB à la fin de l’année 2024, de « piège dangereux, potentiellement irréversible ». Le Premier ministre a souligné que la France ne travaillait pas et ne produisait pas assez, mais aussi qu’elle dépensait trop par rapport à ses recettes. Pour faire face à cette situation, François Bayrou a écarté d’emblée deux possibilités : une hausse des impôts ou davantage d’emprunts, détaille Le Monde.
Le gouvernement s’est ainsi fixé quatre orientations. La première est l’« indépendance en matière de sécurité et de défense », avec un effort de trois milliards d’euros dans le budget 2026. Le deuxième objectif est le refus du surendettement, avec un « retour aux 3 % de déficit en 2029 ». Les deux autres orientations sont « la refondation de l’action publique », mais aussi la vitalité économique grâce à l’investissement industriel, technologique ou la simplification administrative. Le Premier ministre souhaite enfin accélérer le calendrier pour l’élaboration du budget 2026. Il a ainsi annoncé que des « grandes orientations » seraient proposées avant le 14 juillet.
Un effort de 40 milliards d’euros pour le budget 2026
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé une réduction de 6% des dépenses publiques d’ici à 2029, « sans recourir à la tronçonneuse ». Parmi les pistes qu’elle a évoquées, figurent la fusion ou la suppression de certains opérateurs publics, mais aussi une action contre « la très grande dérive » des arrêts-maladie. Elle a aussi parlé de la révision du mécanisme des achats publics pour obtenir des prix moins élevés, ou de la « gratuité qui déresponsabilise » vis-à-vis des services publics. Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a précisé que cet effort équivalait à un effort de 1% de réduction de dépenses par an. Selon lui, « l’effort doit être équitable » entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Dimanche 13 avril, il avait indiqué, qu’en 2026, la France devrait réaliser un effort de « 40 milliards d’euros », majoritairement sous forme d’économies, pour réduire le déficit public à 5,4% du PIB en 2025 et à 4,6% en 2026.
« Notre meilleure protection est notre modèle social », a alerté la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, citée par BFM TV, à l’issue de la réunion. Elle a dit repartir de ce comité d’alerte « avec une grande vigilance ». De son côté, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a estimé qu’on « ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel ». Elle a reconnu que des choix difficiles seraient à prendre et a demandé « que les efforts soient partagés ». Pour Éric Coquerel, député LFI et président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, cette réunion était « de la propagande ». Selon lui, la « question des déficits » ne doit pas se résoudre par une « baisse des dépenses publiques ». « Il faut aller chercher des recettes supplémentaires, notamment du côté des ultra-riches », a-t-il demandé.