SEL : Pourriez-vous faire un point d’actualité sur la situation alimentaire au Burkina Faso ?
Étienne Pitroipa : La situation alimentaire au Burkina Faso est préoccupante. En 2023, le pays a produit presque assez de céréales pour subvenir aux besoins de sa population. Ce qui complique la situation, c’est la spéculation des commerçants, l’inaccessibilité de certaines régions par manque d’infrastructures routières adéquates mais également l’exportation malheureuse de la production nationale. En effet, certains pays voisins comme le Ghana, qui autrefois exportaient le surplus de leurs productions, sont aujourd’hui devenus importateurs de nos céréales. Toutes ces raisons font que la production locale peine à couvrir les besoins de la population.
De plus, nous sommes témoins sur le terrain, depuis le deuxième trimestre 2023, des hausses des prix des denrées alimentaires. Les prix pratiqués sont hors de la portée des populations. Lorsque les prix augmentent, les familles les plus vulnérables vivant dans la précarité se retrouvent piégées et leurs conditions de vie deviennent insupportables. Nous sommes donc contraints, par moment, d’acheter des vivres à Ouagadougou afin de les convoyer dans certaines régions. Le prix du carburant et des transports a aussi connu une augmentation, compliquant d’avantage la situation. Les campagnes sont plus touchées que les villes mais la situation dans l’ensemble nécessite des actions vigoureuses.
SEL : Le gouvernement a-t-il mis des choses en place pour palier cette crise ?
E.P. : Oui, le gouvernement a déployé des moyens pour tenter de juguler le problème mais les difficultés sont énormes… Des mesures d’interdiction d’exportation de vivres sont prises mais, d’un autre côté, les frontières sont poreuses ; des points de vente de vivres à prix social sont organisés à […]