86 chercheurs d’une cinquantaine de pays ont analysé des milliers d’études scientifiques pour étudier l’impact des espèces invasives sur la biodiversité, partout dans le monde.

Ils ont publié un résumé à l’intention des responsables politiques, lundi 4 septembre à Bonn (Allemagne), dont les pistes d’action ont été adoptées à l’unanimité par les 143 États membres de l’IPBES. La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques est un équivalent pour la biodiversité du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Cette plateforme a permis d’identifier 37 000 espèces, introduites par le biais des activités humaines, dans de nouvelles régions du monde. Une petite partie d’entre elles, 10%, sont envahissantes et représentent une menace majeure pour la biodiversité.

Le rat noir, un terrible prédateur

Cette problématique est pourtant méconnue, car il s’agit de la moins étudiée parmi les responsables de la dégradation de la biodiversité. Les régions du monde entier sont pourtant touchées, y compris l’Antarctique, d’après cette gigantesque étude sur quatre ans.

Le Monde identifie plusieurs grands prédateurs parmi ces espèces invasives : la jacinthe d’eau, le Lantana camara, un arbuste, et le rat noir sont au rang des plus répandus. Pour exemple, le rat noir est originaire d’Asie et est le premier animal à avoir été introduit accidentellement dans les cales des navigateurs, probablement du temps de l’Antiquité romaine.

Cette espèce est dangereuse pour la faune terrestre, notamment durant les années de sécheresse, quand la végétation meurt, explique le site officiel du Parc national des calanques. Il devient alors un prédateur d’espèces protégées comme les puffins, et les océanites dont il consomme les œufs et tue les poussins.

Outre les effets délétères sur la faune et la flore, ces différentes espèces ont des conséquences pour les populations. Le Monde indique qu’en Inde, le mollusque Mytilopis sallei a remplacé les palourdes et les huîtres indigènes alors qu’elles constituaient d’importantes réserves pour la pêche.  

Des solutions existent

La jussie rampante, une plante introduite en France pour agrémenter les bassins, étouffe aussi les autres espèces et gêne la navigation, la pêche ou le tourisme. Enfin, certains moustiques dont le moustique-tigre, désormais présent partout en France, transmettent des maladies comme la dengue ou le chikungunya.

Et ces espèces envahissantes ont un coût : il est estimé à plus de 392 milliards d’euros par an, si l’on ne prend en compte qu’une partie des espèces connues, en raison du manque de données sur les autres.

Le dérèglement climatique n’arrange rien à la situation, car les écosystèmes fragilisés résistent moins à ces espèces invasives. De même, une nature homogénéisée pour les besoins de l’activité humaine, comme les forêts d’épicéas, a moins de capacité de résilience.

Les chercheurs de l’IPBES émettent toutefois des solutions, en particulier dans le domaine de la prévention. Des équipes peuvent être formées pour identifier les cargaisons à risque ou détecter les espèces invasives rapidement lorsqu’elles sont établies sur les lieux. Certains programmes d’éradication existent également, avec des mesures biologiques ou chimiques.