C’est un non clair et net. Dimanche 4 septembre, les Chiliens ont massivement rejeté le projet de nouvelle Constitution. Laquelle visait à remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), rapporte Le Monde. Ainsi, 61,9% des électeurs, soit plus de 7,8 millions de personnes, ont glissé le bulletin du rejet (“rechazo” en espagnol) lors de ce référendum où le vote était obligatoire. Néanmoins, les résultats de ce scrutin ne font que suspendre le processus de nouvelle Constitution entamé après le violent soulèvement populaire de 2019 réclamant davantage de justice sociale, écrit le quotidien. 

Une nouvelle Constitution avec de nouveaux droits sociaux

Gabriel Boric, le président de gauche de 36 ans élu en décembre 2016 a déclaré qu’il s’engageait “à faire tout ce qui est en [s]on pouvoir pour construire un nouveau processus constitutionnel.” Et de lancer “un appel à toutes les forces politiques pour qu’elles fassent passer le Chili avant toute divergence légitime, et qu’elles se mettent d’accord le plus rapidement possible sur les délais et les contours” de ce nouveau processus “dans lequel, bien sûr, le Parlement devra être le principal protagoniste”. Dans cette nouvelle Constitution, de nouveaux droits sociaux (éducation, santé publique, retraite, logement), notamment pour les femmes, les peuples autochtones, la nature ou les animaux, y avaient été inscrits. Son préambule donnait d’ailleurs le ton : “Le Chili est un État social et démocratique, fondé sur l’état de droit. Il est plurinational, interculturel, régional et écologique”. 

Désinformation

Pourquoi, donc, les Chiliens ont dit non à cette nouvelle Constitution progressiste ? Dans sa chronique sur France Inter, le journaliste Pierre Haski note plusieurs raisons qui expliquent ce rejet. D’abord, le texte adopté par l’Assemblée constituante à l’issue de dix-huit mois de débats confus est complexe (178 pages pour 388 articles) et “le camp du ‘rechazo’ est donc une coalition hétéroclite de forces qui objectent à tel ou tel aspect du projet de Constitution”. Ensuite, la désinformation tout au long de la campagne n’a pas aidé les partisans du “oui”, explique-t-il. Enfin, l’un des principaux sujets d’antagonisme a porté sur les droits étendus octroyés aux peuples indigènes, de nombreux Chiliens craignant “la division avec l’autonomie accordée aux quelque 13% de Chiliens issus des peuples indigènes”, précise le chroniqueur.