C’est sans doute l’une des personnes les plus puissantes de la planète. Le dirigeant chinois Xi Jinping, 69 ans, s’apprête à être reconduit pour un troisième mandat inédit à la tête du Parti communiste chinois (PCC), et donc à la tête de l’État-parti. Au moins jusqu’en 2027. Alors que le XXe Congrès du PCC s’est ouvert le 16 octobre dernier, cet événement “va réaffirmer la totale domination de Xi Jinping et les idées sur lesquelles il s’appuie – une Chine forte où le Parti communiste a un contrôle total”, explique le sinologue britannique Kerry Brown, à Libération.

Nationalisme poussé à l’extrême

Celui qui dirige d’une main de fer la deuxième économie de la planète est arrivé au pouvoir il y a dix ans. En 2012, il est en effet nommé secrétaire général du PCC. L’année suivante, il est désigné président de la République chinoise. Il est par ailleurs le chef de l’armée. Et depuis qu’il est à la tête du pays, la centralisation autour du PCC, et du dirigeant lui-même, n’a cessé de se renforcer. “Le PC contrôle tout désormais : la vie politique, sociale, économique, religieuse, culturelle. Il grignote toutes les prérogatives de l’État, il occupe toute la place”, souligne Nadège Rolland, chercheuse sur les questions politiques et de sécurité en Asie-Pacifique au National Bureau of Asian Research, à Libération

Parallèlement, le début de société civile qui commençait à émerger dans les années 2000, lorsque la Chine a intégré la mondialisation avec son entrée à l’OMC, en 2001, a complètement été écrasé sous son règne. Avec Xi Jinping, le mot d’ordre est sécurité. Car à ses yeux, sécurité rime avec stabilité. Après avoir enfermé des millions de Ouïghours dans des camps de “rééducation” au Xinjiang, maté toute opposition à Hong Kong, qui était censé jouir de libertés au moins jusqu’en 2047, la Chine de Xi Jinping, flattée par un nationalisme poussé à l’extrême, pourrait vouloir réaliser le “rêve chinois” et la “renaissance de la nation” en s’emparant de Taïwan, qu’elle considère comme une province rebelle à récupérer par la force si nécessaire.