Les personnes possédant les revenus les plus élevés sont responsables de l’intensification des catastrophes climatiques selon une étude menée par des chercheurs européens et parue dans Nature Climate Change mercredi 7 mai. Selon ce rapport, depuis les années 1990, environ deux tiers du réchauffement climatique est imputable aux 10% des individus les plus riches de la planète. Ainsi, les auteurs ont estimé que les 10% les plus riches avaient contribué à 65% de l’augmentation de la température mondiale depuis 1990, pour les 0,1% les plus riches, l’estimation est de 8%, a noté WeDemain. Les 10% les plus riches en France sont ceux qui gagent plus de 42 980 euros par an, soit la médiane salariale au Royaume-Uni. Avec ce niveau de vie, un individu émet 6,5 fois plus de gaz à effet de serre que la moyenne. De leur côté, les 1% les plus riches émettent 20 fois plus que la moyenne, enfin, les ultra-riches, 0,1% de la population mondiale, émettent 76 fois plus que la moyenne.
Les pays développés sont responsables de la majorité des émissions mondiales de CO2 en raison de leurs modes de vie plus énergivores. Les États-Unis, l’Union européenne, la Chine et l’Inde sont les quatre principales zones géographiques les plus émettrices. L’étude a calculé cette empreinte en prenant en compte les émissions liées à la consommation, mais aussi la détention de capital d’une entreprise, qui peut être polluante. Selon l’étude, les 1% les plus riches ont contribué de façon significative à l’augmentation des vagues de chaleur extrêmes et aux épisodes de sécheresse.
Vers une fiscalité climatique ?
Carl-Friedrich Schleussner, directeur du Groupe de recherche intégré sur les impacts climatiques à l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués, appelle à prendre en compte « les responsabilités démesurées des plus riches ». Cité par Libération, il assure qu’il s’agit « de l’un des leviers les plus puissants dont nous disposons pour réduire les dommages futurs ». Certains demandent une taxation progressive des plus hauts revenus ou encore une fiscalité climatique sur les investissements.
L’association Oxfam demande aux gouvernements du monde d’introduire des impôts permanents sur le revenu et la fortune pour les 1% les plus riches, mais aussi de taxer de façon dissuasive les consommations de luxe qui rejettent le plus de carbone comme les jets privés, les superyachts, les voyages fréquents en avion. Oxfam souhaite aussi faire davantage contribuer les riches pollueurs en demandant aux pays riches de se mobiliser afin d’aider les pays du Sud global pour faire face au réchauffement climatique. Selon certaines études, la taxation des émissions liées aux actifs est plus équitable que les taxes carbone qui visent l’ensemble de la population et pèsent souvent sur les plus faibles revenus. Lors du G20 de 2024 au Brésil, l’idée d’un impôt mondial sur les ultra-riches pour financer l’adaptation climatique avait été évoquée. Une autre piste était le fait de taxer les entreprises les plus émettrices, notamment dans les énergies fossiles.