“On a besoin d’actions très concrètes et donc, ce qu’on a dit au Premier ministre, c’est qu’aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de décisions concrètes, il n’y aura pas de levée des actions menées sur le terrain.” Malgré une réunion avec Gabriel Attal ce lundi 22 janvier ayant duré plus de deux heures, Arnaud Rousseau de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et Arnaud Gaillot des Jeunes Agriculteurs ont expliqué continuer les blocages tant que des décisions gouvernementales n’étaient pas prises.

Ce dimanche 21 janvier, des agriculteurs ont bloqué, pour le quatrième jour d’affilée, l’autoroute A64 entre Toulouse et Tarbes. Ces blocages interviennent après d’autres actions menées un peu partout en France ces dernières semaines, à la suite de massives mobilisations au sein de différents pays européens.

Une colère s’étendant d’Allemagne aux Pays-Bas en passant par la Roumanie

Comme l’explique BFMTV, la colère de ces agriculteurs gronde d’Allemagne aux Pays-Bas en passant par la Roumanie. En Allemagne, les agriculteurs ont protesté contre la réforme de la fiscalité sur le diesel agricole, qui prévoit en 2026 la suppression d’une exonération dont bénéficiait la profession. Aux Pays-Bas, la coalition au pouvoir souhaite réduire le cheptel du pays et fermer certaines fermes, ce qui avait entraîné des manifestations massives de fermiers et d’agriculteurs. Selon Arnaud Rousseau, président du syndicat FNSEA, interrogé par BFMTV, “ces mouvements ont tous les mêmes ferments : l’incompréhension grandissante entre la réalité de la pratique du métier d’agriculteur sur le terrain et les décisions administratives centralisées, qu’elles soient à Bruxelles ou dans les capitales européennes, qui créent une incompréhension majeure et, finalement, une sorte de révolte”.

Les agriculteurs réclament plusieurs choses, comme l’allègement des normes administratives promis par le Gouvernement ou encore le rejet du Pacte vert européen – ce projet qui vise à réduire de moitié, d’ici 2030, l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques. Ils dénoncent également l’inflation, qui a de grosses conséquences sur leur quotidien, et parlent aussi de “concurrence déloyale” des agriculteurs étrangers qui exportent leurs produits dans l’Union européenne sans être confrontés aux mêmes normes exigeantes que les exploitants européens.

Des éléments de réponse attendus dans la semaine

Face à cette colère qui gronde de plus en plus fort, Gabriel Attal a demandé dès vendredi aux préfets d’être à l’écoute des exploitants avant de recevoir, ce lundi 22 janvier, deux représentants syndicaux, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot. Ces derniers lui ont demandé des mesures sur la compétitivité et sur la souveraineté. Des demandes qui devraient apparaître dans le prochain texte de loi à venir, comme le précise le HuffPost, qui cite Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, qui a promis : “On travaille dès ce soir sur des mesures de court terme pour apporter des éléments de réponse dans la semaine.”

En attendant, les blocages continuent un peu partout en France, en Occitanie surtout, où la circulation est bloquée depuis jeudi soir sur l’A64. Lundi soir, les agriculteurs ont déversé des pneus sur les voies ferrées à l’entrée de la gare d’Agen, empêchant les trains de circuler.

Alors que plusieurs appels à manifester ont été lancés pour les prochains jours, un terrible drame s’est déroulé en pleine journée de mobilisation. Une voiture a foncé dans un barrage sur un point de blocage des agriculteurs dans l’Ariège, tuant une agricultrice et blessant gravement son mari et sa fille. Le ministre de l’Agriculture a réagi sur X, en qualifiant l’événement de “drame pour nous tous”.