Ces paysages de rêve sont censés inviter au dépaysement, et pourtant, ils prennent des allures de parc Disneyland. Le Mont-Saint-Michel en Normandie, les îles Lavezzi en Corse ou encore certaines calanques de Marseille sont autant de lieux envahis par les touristes chaque été. Et de nouveaux endroits connaissent une explosion de la fréquentation, explique Ouest-France.

Les falaises normandes d’Étretat, par exemple, ont été visitées par 1,2 million de personnes en 2022. Ce succès s’explique en partie par le grand nombre de séries et de films qui y ont été tournés, comme la série Netflix Lupin. Le maire de la ville a signalé qu’il prendrait des mesures contre le surtourisme, car il pèse sur les habitants, et génère une érosion des sols et une pression sur la végétation.

Le rôle des réseaux sociaux

De son côté, le Gouvernement a dévoilé un plan pour lutter contre de tels phénomènes, lundi 19 juin. Il annonce la création d’un observatoire des sites touristiques majeurs pour créer une base d’informations et des indicateurs du surtourisme. Il promet aussi un guide pratique rédigé par des chercheurs et des fédérations professionnelles pour définir le surtourisme et sensibiliser le public.

Une campagne de sensibilisation avec des influenceurs permettra également d’encourager la prise de conscience. Car les réseaux sociaux jouent désormais un grand rôle dans nos choix de destination. Les influenceurs sur YouTube, Instagram ou TikTok font régulièrement la promotion de certains lieux paradisiaques, et les curieux ne tardent pas à débarquer en masse.

La photo a aussi son importance. Télérama explique qu’une partie des touristes ne viennent plus seulement pour le dépaysement mais pour faire de belles photos Instagram. Des paysages enchanteurs attirent alors les photographes amateurs qui agissent par mimétisme et photographient les lieux avec le même angle, le même cadrage.

La dégradation de l’écosystème

Parmi les photos les plus convoitées, on connaît par exemple les champs de lavande de Valensole, en Provence, au milieu desquels certains touristes n’hésitent pas à se promener. D’autres sites, autrefois confidentiels, sont devenus des « spots à selfie » et ne sont pas dotés d’infrastructures adaptées pour faire face au flux de visiteurs.

Les conséquences peuvent être dramatiques, comme dans la calanque de Sugiton où le piétinement a entraîné l’érosion de la garrigue et mis à nu des racines de grands pins. En plus de participer à la dégradation de l’écosystème, le tourisme de masse provoque la pollution sous toutes ses formes. Les autocars, les voitures et parfois même les karts polluent l’air, les yeux et les oreilles.

La crise immobilière

Et malgré des bénéfices économiques indéniables, le surtourisme peut être à l’origine d’une crise immobilière. Sur la côte basque, les prix flambent et les logements à l’année sont de plus en plus rares, alerte franceinfo. Depuis la crise sanitaire, ces prix ont même augmenté de 15 % à 20 %. Surtout, il devient difficile de trouver un appartement libre pour une longue durée, en raison de l’explosion des Airbnb pour les vacanciers.

Pour lutter contre ces différents phénomènes, plusieurs solutions ont été mises en place par les localités, comme des quotas de visiteurs dans les calanques ou des campagnes de « démarketisation » de certains lieux. Les falaises d’Étretat sont, par exemple, rayées des prospectus de la ville. Et concernant le logement, une solution pourrait faire polémique : créer un statut de résident pour rendre les habitants prioritaires.