Au sein du SEL, un groupe de travail a été formé sur le sujet des crises négligées. Isabelle Duval, directrice des projets de développement au SEL et membre de ce groupe, nous en apprend un peu plus sur cette notion.
On entend beaucoup parler de catastrophes ou de crises au journal de 20h ou sur les sites internet d’actualités mais aujourd’hui nous allons parler de « crises négligées ». Pourriez-vous nous dire ce qu’on entend par cette expression ?
Une crise négligée est une crise qui n’est pas ou plus du tout traitée dans les médias et qui pourtant est très grave. Les causes de ces crises sont généralement très complexes. En plus du manque d’attention de la part des médias, il y a également un manque de volonté politique. Ces crises se caractérisent aussi par leur durée assez longue.
Pourquoi, selon vous, est-ce que certaines crises sont négligées alors que d’autres font les gros titres des médias ?
Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Quand une crise éclate ou qu’une catastrophe naturelle arrive, c’est très intense et cela attire l’attention. Ensuite il y a la proximité : plus une crise est proche, plus elle va intéresser les gens, plus elle est éloignée, moins elle va les interpeller. Il y a enfin des pays où la crise dure depuis très longtemps, une forme de lassitude s’installe, que ce soit chez le public, chez les médias ou chez les politiques.
Y a-t-il des difficultés propres que rencontrent les organisations de solidarité internationale cherchant à agir sur le terrain dans ces crises négligées ?
Oui, notamment la difficulté de mobiliser des fonds. Que ce soit auprès de ce qu’on appelle les bailleurs institutionnels comme les organes d’urgence des gouvernements ou les agences de l’ONU, les ONG vont avoir plus de mal à être financées pour mener des projets lorsque ce sont des crises négligées. Ensuite, l’insécurité sur le terrain est très grande dans ces […]