Maryse Condé, née à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, le 11 février 1934, a exploré dans une trentaine d’ouvrages, principalement des œuvres de fiction, l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora, ainsi que l’héritage de l’esclavage et les identités noires. Ayant résidé dans plusieurs pays d’Afrique tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Sénégal, Maryse Condé avait une perspective critique sur les limites du concept de « négritude » proposé par le penseur martiniquais Aimé Césaire et l’écrivain sénégalais Léopold Sédar Senghor.
Voix majeure de la Caraïbe, elle est connue pour son engagement envers Haïti et la mémoire de l’esclavage. Professeure à Columbia, elle a fondé le Centre des études françaises et francophones. Également écrivaine prolifique, elle a créé le prix des Amériques insulaires en 2000. En 2018, elle a reçu le « prix Nobel alternatif » de littérature, une reconnaissance mondiale de son impact en tant qu’écrivaine et source d’inspiration pour de nombreux intellectuels.
La religion tenait une place importante dans sa vie
Début septembre 2021, la romancière guadeloupéenne Maryse Condé a publié « L’Évangile du nouveau monde », une adaptation de la vie de Jésus située dans les Antilles. Dans un entretien pour franceinfo, elle expliquait les raisons de ce choix. « C’est un désir que j’avais depuis longtemps car la religion a toujours occupé une place énorme dans ma vie. Ma mère était profondément chrétienne. Elle allait tous les jours à la messe, à 5 heures du matin. Mon père se disait athée et se moquait de la foi de sa femme. J’ai vécu entre une dévotion profonde et une moquerie constante. » Elle ajoutait ensuite : « La Bible, c’est l’un des premiers livres que j’ai lus et que j’ai adorés à cause des histoires compliquées, un peu fantaisistes qu’elle raconte. J’étais très partagée entre le désir d’être sérieuse et le désir de me moquer un peu. C’est avec ça qu’on fait un livre : la profondeur et la dérision. »
Une oeuvre qui fut sa dernière et dans lequel l’autrice expliquait vouloir y résumer « ses luttes et ses échecs et mettre les deux en parallèle. » Son « Évangile » représente une réinterprétation des Saintes Écritures en les incarnant dans les Antilles contemporaines, offrant ainsi une revitalisation de leur message, à l’image de saint François, qui a créé les crèches vivantes au XIIIe siècle. Tout en respectant l’esprit des textes bibliques, l’autrice adapte leur essence pour en extraire la leçon fondamentale, à savoir que Dieu est amour et que l’amour est divin, dans une perspective laïque.