Jair Bolsonaro aura symbolisé la dégradation de l’environnement jusqu’à la fin. Pour son dernier mois de mandat à la tête du Brésil, la déforestation a bondi de 150% par rapport à décembre 2021, rapporte Libération. D’après des images satellites du programme de surveillance Deter, lequel est cité par le quotidien, 218,4 km2 de forêts ont été rasés au cours du dernier mois de l’année 2022 dans la partie brésilienne de la plus grande forêt tropicale de la planète.
Les quatre années de mandat du désormais ex-président d’extrême droite ont entre autres été marquées par ses destructions de la forêt amazonienne, qui joue par ailleurs un rôle majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour rappel, sous Jair Bolsonaro, allié du lobby de l’agronégoce, la déforestation annuelle moyenne en Amazonie brésilienne a augmenté de 75,5% par rapport à la décennie précédente, écrit Libération. Durant le 5e Sommet des peuples indigènes en septembre dernier, les dirigeants amazoniens ont déploré que plus d’un quart de l’Amazonie soit “irréversiblement détruite”.
“Il n’est pas trop tard”
En 2021, rapporteLe Monde, l’Amazonie a perdu en moyenne 18 arbres par seconde. “Le Brésil a perdu 16 557 kilomètres carrés de couverture de végétation originelle dans tous ses écosystèmes l’année dernière (2020)”, constatait la plate-forme collaborative MapBiomas, qui compile des données provenant de divers systèmes de cartographie par satellite. Dans un entretien à France Info, publié début octobre, Plinio Sist, chercheur sur les forêts au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), détaille : Jair Bolsonaro “a coupé les budgets des Agences d’État de protection de l’environnement. Il a réduit le budget du ministère de l’Environnement, qui est au plus bas depuis l’an 2000. Il a (aussi) réduit le budget de la Fondation des peuples autochtones qui n’a pratiquement plus de budget.” En somme, “il a un peu une vision des années 1970 où il y avait une volonté de développer économiquement l’Amazonie, le slogan étant ‘Des terres sans hommes pour des hommes sans terre’”.
Pour ce spécialiste, certes, “il n’est pas trop tard”, mais “il faut absolument freiner cette déforestation”. Cité par Libération, Marcio Astrini, secrétaire exécutif de l’Observatoire du climat, une coalition d’associations de défense de l’environnement, estime que “le mandat de Bolsonaro est peut-être terminé, mais son héritage tragique va laisser des traces pour longtemps.” Lors de son discours d’investiture, devant le Congrès, le nouveau président Lula s’est, lui, à nouveau posé en défenseur de l’Amazonie, rapporte RFI : “Le Brésil n’a pas besoin de défricher pour conserver, pour maintenir et pour repousser sa stratégique frontière agricole. Ce n’est pas la peine de couper un seul arbre. Il suffit de replanter les 30 millions d’hectares de terres qui ont été dégradées. Ainsi nous pourrons vivre sans couper du bois, sans brûlis, et sans avoir besoin d’envahir nos écosystèmes.”