Les chiffres sont alarmants. Insultes, moqueries, violence physique : 30% des salariés LGBT+ ont subi au moins une agression LGBTphobe dans leur organisation, estime la dernière édition du baromètre LGBT+ de l’Autre Cercle, parue en juin dernier et cité par Les Échos. “Le retour progressif au travail en présentiel après la crise sanitaire s’est accompagné d’une augmentation des témoignages auprès de nos pôles d’écoute, ce qui démontre une nouvelle fois que le milieu professionnel est, pour nombre de personnes LGBT +, un environnement d’insécurité”, note le dernier rapport de SOS homophobie.
Certes, le cadre légal a évolué, notamment depuis la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes du même sexe au printemps 2013. Mais il reste beaucoup de progrès à faire. En particulier au sein des petites entreprises. Au contraire, “les grandes entreprises peuvent compter sur leur direction des ressources humaines pour mettre en place une politique de non-discrimination, et sont souvent dotées d’un ou une responsable chargé(e) de la diversité et de l’inclusion”, explique Denis Triay, président de l’Autre Cercle, aux Échos. Et les disparités sont aussi territoriales : nombre de personnes interrogées par la chercheuse en sociologie Emilie Morand, qui s’intéresse à la manière dont les gays et lesbiennes vivent leur homosexualité dans leur environnement professionnel, vivent à Paris ou dans des grandes villes. Il y a d’abord la recherche d’un certain anonymat, écrivent Les Échos. Vient ensuite l’idée selon laquelle “les gens seraient plus ouverts dans les grandes villes.”
Efforts d’inclusions
Certaines catégories professionnelles en pâtissent davantage. Un fonctionnaire témoigne auprès des Échos sur le devoir de réserve qui incombe à la fonction publique : “Ce devoir de réserve implique que tout salarié de la fonction publique a un impératif de discrétion. Pour les fonctionnaires LGBT + comme moi, ce devoir de réserve est vécu comme la nécessité de rester discret également sur notre orientation sexuelle, alors que cette réserve doit normalement être avant tout politique”, dit-il. Idem pour les professeurs, souligne la chercheuse Émilie Morand : “Les enseignants LGBT + ont à la fois peur du regard que pourrait porter sur eux leur direction, mais aussi de celui des parents, qu’on remette en cause leur crédibilité de prof (…)”.
Il n’y a néanmoins pas que des points négatifs. Dans certains domaines, historiquement très masculins et hétéronormés, des efforts d’inclusions ont été réalisés. Sébastien Stenger, enseignant-chercheur à l’Institut supérieur de gestion, précise aux Échos : “Que ce soit dans l’audit, mais aussi le conseil ou la banque, ces secteurs se montrent bien plus volontaristes qu’avant, multipliant les initiatives.” Il y a cinq ans, autrement dit pas si longtemps que cela, lorsqu’il avait mené une enquête sur la place des LGBT dans le secteur de l’audit, les salariés LGBT+ qu’il avait interrogés préféraient cacher leur orientation sexuelle.