89 morts et plus de 284 blessés : c’est le bilan des victimes de ce double attentat commis mercredi 3 janvier en Iran. Les deux explosions ont eu lieu près de la tombe du général Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations iraniennes au Moyen-Orient. Alors même que l’Iran fêtait le quatrième anniversaire de la mort de Soleimani en 2020 dans une frappe américaine, l’attentat a visé une foule rassemblée lors d’une cérémonie commémorative.
Selon l’agence officielle Irna, citée par Le Figaro, la première explosion a été provoquée par un kamikaze. La seconde, qui s’est produite quinze minutes plus tard, serait également l’œuvre d’un kamikaze. L’attaque survient dans un contexte tendu depuis le début du conflit en octobre entre Israël et le Hamas, au lendemain de l’élimination du numéro deux du Hamas à Beyrouth.
Dans un premier temps, des responsables iraniens avaient pointé du doigt Israël et les États-Unis, les accusant d’avoir organisé l’attaque. Comme Mohammad Jamshidi, un conseiller politique du président iranien, qui n’a pas hésité à dénoncer “les régimes américains et sionistes” d’être derrière cet attentat. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a de son côté promis une “réponse sévère” aux “ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne”. Le gouvernement américain a de son côté jugé “absurde” toute suggestion d’une implication des États-Unis ou d’Israël dans ce qui “ressemble à une attaque terroriste, le genre de chose que l’État islamique a fait selon le passé”, témoigne un haut responsable américain anonyme.
L’État islamique revendique l’attentat
Jeudi 4 janvier, l’organisation État islamique a revendiqué la paternité de l’attentat dans un communiqué, que BFMTV révèle. Le groupe djihadiste indique que deux de ses membres “ont activé leur ceinture explosive au milieu d’un grand rassemblement d’apostats, près de la tombe de leur leader, hier à Kerman dans le sud de l’Iran”. Cet attentat s’inscrit dans le cadre d’une campagne intitulée par l’EI “Et tuez-les partout où vous les trouvez”. L’Iran, qui est un pays chiite à 90%, a combattu l’État islamique en Syrie et en Irak, sachant que les musulmans chiites sont considérés comme des apostats par les groupes extrémistes sunnites comme l’EI.
Cette attaque est l’une des plus meurtrières en Iran depuis 1978, selon les archives de l’AFP, lorsqu’un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d’Abadan. Jeudi, le ministre de l’Intérieur iranien Ahmad Vahidi a déclaré à l’agence officielle IRNA que la sécurité serait renforcée aux frontières avec l’Afghanistan et le Pakistan, ces points de passage pour les groupes armés combattant le pouvoir iranien. Tout en ajoutant que les services de renseignement avaient procédé à l’arrestation de “certains individus impliqués dans l’attaque”.
Les corps des victimes originaires de Kerman seront inhumés au cimetière des Martyrs à Kerman, après la grande prière du vendredi, tandis que les autres seront transférés dans leurs villes d’origine respectives. La télévision iranienne a également rapporté que des manifestations auraient lieu dans tout le pays après la prière pour “condamner l’attentat terroriste de l’EI.”