Les parents qui ont migré, quel que soit leur pays d’origine, ont des attentes particulièrement fortes pour leurs enfants. Et notamment en matière de réussite scolaire. Relayée par l’Observatoire des inégalités, une étude du ministère de l’Éducation nationale met l’accent sur le fait qu’à milieu social équivalent, les enfants d’immigrés réussissent mieux à l’école que ceux dont les parents sont nés en France. Pour aboutir à une telle conclusion, la scolarité d’enfants a été suivie de leur entrée au collège jusqu’au passage du baccalauréat.

L’étude invite à ne pas se fier aux apparences. En apparence, les enfants d’immigrés sont moins nombreux à décrocher le bac (61 % des garçons nés d’immigrés d’Afrique subsaharienne ; 64 % de ceux du Maghreb) que les garçons dont les parents sont nés en France (76 %). Un résultat dépassé par les adolescents dont les parents sont natifs d’Asie. Mais les résultats par pays sont trompeurs, puisque l’origine des parents influe sur le milieu social qui est déterminant en matière d’égalité scolaire.

Les filles meilleures que les garçons

Ces écarts s’expliquent, selon l’étude, par le fait qu’en quittant leur pays d’origine, les parents ont consenti des sacrifices importants. Aussi, ils attendent de leurs enfants qu’ils réussissent. Dans les familles d’origine française de milieux populaires, les parents dont les parcours scolaires ont parfois été compliqués ne se font guère d’illusions sur les chances de réussite de leurs enfants, à cause de l’inégalité des chances.

Ainsi, plus de 50 % des enfants d’immigrés (les deux tiers pour les enfants d’origine portugaise ou turque) ont une mère sans diplôme. Cette part chute à 11 % dans le cas des enfants dont les parents sont nés en France. Pourtant, à niveau social équivalent, les enfants d’immigrés sont ceux qui réussissent le mieux au bac. Au point que les garçons dont les parents sont nés en Afrique subsaharienne ont 1,1 fois plus de chances de réussite. Ceux d’origine maghrébine 1,4 fois plus, et les garçons d’origine asiatique, cinq fois plus. Les filles s’en tirent encore mieux. Ainsi, les filles dont les parents sont nés en Afrique subsaharienne ont quasiment quatre fois plus de chances d’obtenir le bac que les garçons dont les parents sont nés en France.

Discrimination

De quoi conclure que l’origine géographique n’est pas un problème, contrairement aux inégalités sociales. Pour les jeunes, la question est différente. Eux se soucient moins de l’origine de leurs difficultés que de la manière de les surmonter. “Ces décrochages, ou encore ces orientations contrastées, produisent un sentiment d’injustice et de discrimination plus fréquent chez les garçons”, ajoute l’étude.