Formatrice, prédicatrice protestante (EPUdF), Josiane Ngongang maîtrise avec bienveillance et patience l’art délicat de l’exhortation pédagogique. Invitée en juin 2023 par l’Eglise La Bonne Nouvelle de La Roche-sur-Yon, elle a délivré un enseignement interactif sur l’enjeu du racisme.

Dans une série de cinq vidéos passionnantes postées sur YouTube à la suite de ces interventions, elle nous convie à une réflexion salutaire sur l’enjeu concret et éthique posé par le racisme dans les Eglises.

Dans le second épisode, elle invite à cesser de botter en touche, et d’admettre l’importance d’identifier et de cerner le racisme, à la fois dans l’histoire de France et dans les réalités sociales d’aujourd’hui.  

Au fil de son enseignement vidéo de trois quarts d’heure, intitulé « Qu’est-ce que le racisme », Josiane Ngongang rappelle que l’Assemblée Nationale, il y a quelques années, a voté en faveur de la suppression du mot « race » de la constitution française ». Or, si « la race ça n’existe pas, il y a quand même un phénomène un peu bizarre, qui s’appelle racisme ». Cela va de la blagounette mal placée – ce qu’on appelle aussi micro-agressions – à « des choses beaucoup plus graves ».

Le racisme a la vie dure en France

Josiane Ngongang rappelle la définition du Larousse, qui identifie le racisme comme une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, autrefois appelés « races ». Une idéologie qui induit des comportements discriminatoires. Dans un vaste survol historique, elle rappelle l’héritage des entreprises coloniales, de l’esclavage, l’ambiguïté fondamentale du soi-disant « siècle des Lumières », qui a très souvent validé, voire renforcé les stéréotypes racistes. Y compris un philosophe (protestant) comme Emmanuel Kant, qui vantait la supériorité de la race blanche. Basée sur les différences physiques, le phénotype, le racisme a la vie dure en France. Sait-on qu’en 1994, il y a seulement trente ans, on pouvait encore visiter, près de Nantes, un « village de Bambula », imprégné de stéréotypes racistes ?

Mêlant tact et précision didactique, sans forcer le trait, Josiane Ngongang rappelle aussi les biais racistes qui ont présidé au traitement, par la « métropole », des Antilles, par exemple, ou de l’île de la Réunion, dont on a arraché de nombreux enfants, dans des conditions lamentables, pour repeupler la France métropolitaine d’après-guerre (1). Les conséquences de ce racisme, en société, et dans les Églises, sont un traitement inégalitaire, l’opposition de personnes entre elles, la prévalence du privilège des uns sur les autres, et nombre de traumatismes intériorisés.

Et si l’on cessait de botter en touche ?

Quand on appartient au phénotype dominant (blanc), ce n’est pas toujours facile de réaliser et d’admettre que derrière une égalité des droits théoriques, des discriminations existent toujours sur la base de la couleur de peau. Les campagnes de testing de SOS Racisme l’illustrent. Elles prouvent année après année que suivant le nom et l’apparence, les candidats à une embauche n’ont pas les mêmes chances. Josiane Ngongang souligne que cet effort de décentrement et de prise de conscience vaut la peine, car c’est mettre en œuvre une exigence de justice qui appartient au cœur du christianisme. Pour contribuer à développer des espaces dépourvus d’oppression, via un ministère de réconciliation et de guérison.

(1) Ivan Jablonka, Enfants en exil, transfert de pupilles réunionnais en métropole (1963-1982), Éditions du Seuil, Paris, 2007

Luttons contre le racisme dans la société et dans l’Eglise.
Session 2 : Qu’est-ce que le racisme ? – Vidéo du 17 juin 2023