Dimanche 18 mai, la Roumanie a élu son nouveau président. Son nom, Nicușor Dan, 55 ans et maire de Bucarest, capitale du pays. Avec 53,3% des suffrages, le candidat pro-européen s’est imposé au second tour de la présidentielle devant son opposant politique du parti nationaliste, George Simion (46,4%), souligne Le Monde.

Une victoire surprenante après un premier tour qui avait tourné à l’avantage du candidat nationaliste arrivé largement en tête avec 40,6% des voix, souligne Ouest-France, loin devant les 20,9% de Nicușor Dan. Dès lors, la perspective d’une victoire des nationalistes à la présidentielle semblait se dessiner, signe d’une belle revanche pour le parti qui a vu l’élection initialement prévue fin 2024 être annulée. Pour rappel, le candidat indépendant pro-russe Călin Georgescu avait terminé en tête du premier tour de novembre à la surprise générale, devant la candidate europhile de centre-droit Elena Lasconi. Mais deux jours avant le second tour, la présidentielle avait été annulée par la Cour constitutionnelle roumaine pour des soupçons d’ingérence russe via le réseau social TikTok sur la campagne et l’élection de Georgescu.

Retournement de situation dans les derniers instants

Ainsi, l’élection (nouvelle) de mai 2025 s’est faite sans Georgescu mais avec George Simion comme nouvelle figure des partisans nationalistes. De cette manière, le candidat de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) a pris le relais du combat de son homologue pro-russe et lui avait même promis une place de Premier ministre en cas de victoire. Et au vu de son pourcentage de voix acquis au premier tour, le poste de Président lui tendait les bras. Mais la mobilisation des électeurs, 65% au second tour (+12% par rapport au premier tour) a finalement bénéficié à Nicușor Dan, rapporte Radio France. Le candidat élu a salué « la victoire d’une communauté de Roumains désireux d’un profond changement » et appelé à la reconstruction du pays pendant que ses partisans chantaient l’ »Europe » et l’ »Unité« .

Pendant ce temps, George Simion revendiquait sa victoire devant le Parlement, se proclamant « le nouveau président de la Roumanie » et dénonçant des « fraudes » dans l’élection. Finalement, le second tour de l’élection de mai 2025 a tourné en faveur des europhiles, obligeant Simion à revenir sur ses déclarations « [Nicușor Dan] a remporté les élections, le peuple roumain a exprimé sa volonté », a-t-il déclaré dimanche soir dans une vidéo publiée sur Facebook.

Une élection soutenue par l’Europe et décriée par le patron de Telegram

Dimanche soir à l’annonce des résultats finaux, plusieurs dirigeants européens ont salué la victoire de Nicușor Dan, à commencer par Emmanuel Macron : « Malgré les nombreuses tentatives de manipulation, les Roumaines et les Roumains ont fait ce soir le choix de la démocratie ». En effet, après les incidents de l’élection de 2024, le scrutin 2025 a également été secoué par des soupçons de corruption relevés par le fondateur du réseau social Telegram, souligne Libération. À quelques heures de la fermeture des bureaux de vote le 18 mai, Pavel Durov a ainsi accusé la France d’avoir voulu « censurer des voix conservatrices » en Roumanie. « Un gouvernement d’Europe occidentale (devinez lequel ) a contacté Telegram pour nous demander de faire taire les voix conservatrices en Roumanie avant les élections présidentielles d’aujourd’hui. J’ai catégoriquement refusé », a écrit le milliardaire, mettant en avant l’émoji baguette en référence à la France. Une accusation finalement démentie par la DGSE lundi 19 mai, ajoute la source.

Ainsi, après deux élections en l’espace de six mois, la Roumanie a un nouveau président en la personne de Nicușor Dan. Un choix qui ravit la présidente de la Commission européenne. « Les Roumains se sont rendus aux urnes en masse. Ils ont choisi la promesse d’une Roumanie ouverte et prospère dans une Europe forte », a-t-elle écrit sur le réseau social X. Une victoire également saluée par le président ukrainien, qui a, de son côté, rappelé « l’importance d’avoir la Roumanie comme partenaire fiable », alors que les deux pays partagent une frontière commune de près de 531 kilomètres.