La frénésie de la Coupe du monde a déjà envahi les rues de la capitale camerounaise. A Yaoundé, il n’est pas rare de croiser hommes et femmes aux couleurs du maillot national – et même dans les conversations, c’est encore de la l’événement dont il est question.

Dans ce pays d’Afrique centrale où le football est presque une religion qui déchaîne les passions, ses dessous aussi soulèvent des interrogations. Et pour cause: au Cameroun, des soupçons de maraboutage (recours à des pratiques relevant de la magie, ndlr) pèsent sur la pratique de cette discipline.

Dans un quartier de la banlieue de Yaoundé, nous retrouvons le jeune Atangana Marcel. Âgé de 19 ans, il est depuis deux années pensionnaire d’une académie de football créée par un ancien sociétaire des Lions indomptables (l’équipe nationale, ndlr) du Cameroun. Comme tous les mardis après-midi, c’est jour de championnat pour Marcel et ses coéquipiers.

Le jeune homme au physique filiforme a ses habitudes avant de quitter le domicile familial. Il attache autour de sa taille deux cordages auxquels il attribue des vertus magiques. «Le premier, c’est pour que je sois plus adroit devant le gardien de but. En tant qu’attaquant, le club compte sur moi. Et si je ne marque pas de but, cela n’est pas bon pour nous. Le second me protège des blessures graves», explique-t-il. La scène se déroule en présence de son père, par ailleurs entraîneur de l’équipe. «C’est lui qui me les a donnés», avouera Marcel alors que nous l’accompagnons au stade.

Formules magiques

Yoff est l’une des plus grandes communes de Dakar, la capitale du Sénégal. C’est ici que Bâ Diagne s’est installé après une carrière de footballeur qui l’aura conduit, tour à tour, au Soudan et en Mauritanie. Il se rappelle qu’avant son départ pour l’étranger, le club dans lequel il évoluait avait un marabout attitré. «Chaque veille de match, il nous réunissait autour de lui et nous donnait des consignes, confie-t-il. Par exemple, «ne pas saluer nos adversaires avec la main, fouler l’aire de jeu avec un pied plutôt qu’un autre ou encore réciter quelques phrases avant le début d’un match», avoue-t-il.

Le lien avec le marabout doit être conservé même si l’on évolue à l’extérieur, précise-t-il encore: une situation nécessitant son intervention est vite arrivée. «Lorsque je me suis retrouvé pendant longtemps sur le banc de touche de mon club en Mauritanie. J’en ai informé mon marabout et après quelques consultations, j’ai pu réintégrer l’équipe jusqu’à la fin de la saison», se rappelle le […]