En Pologne, les actes et propos antisémites secouent encore régulièrement l’actualité, et parfois, ce sont des personnalités politiques qui les commettent. Mardi 12 décembre, alors que les députés polonais s’apprêtaient à faire un vote de confiance au gouvernement, la séance a été interrompue. Grzegorz Braun, un élu d’extrême droite, a utilisé un extincteur pour éteindre les bougies d’une menorah, un chandelier à sept branches dans la religion juive. Une cérémonie de célébration de la fête juive de Hanoukka avait alors lieu Parlement polonais, relate Courrier International.

Donald Tusk, le nouveau Premier ministre, a déclaré que cet incident était « une honte », un terme également repris par l’ambassadeur d’Israël et son homologue américain. De même, on entend plusieurs personnes autour de Grzegorz Braun, dans des vidéos circulant en ligne, lui reprocher son geste en lui disant qu’il devrait avoir honte. Ce à quoi l’élu répond, imperturbable : « Ceux qui participent aux actes de ce culte satanique devraient avoir honte ».

Un élu aux propos déjà virulents

Grzegorz Braun a été exclu de la session parlementaire. Mais il a persisté dans ses propos en publiant un message sur le réseau social X, dans lequel il a utilisé des stéréotypes antisémites en affirmant que la Pologne serait gouvernée par des individus au service d’autres nations, comme l’explique The Guardian.

Les membres de son propre parti, la formation d’ultradroite Konfederacja, ont condamné le comportement de Grzegorz Braun. Une plainte a été déposée contre lui, comme indiqué par le journal polonais Gazeta Wyborcza, relayé par The Guardian. Cette situation n’est pas une première pour Braun : il avait déjà tenu des propos susceptibles d’être qualifiés d’antisémites en juin 2023, en perturbant une conférence sur l’Holocauste en Pologne et en qualifiant les Juifs d’« ennemis de la Pologne ».

L’histoire ambiguë de la Pologne

La Pologne a été la première terre d’accueil des Juifs jusqu’au XXe siècle, comme le souligne Le Point, et pourtant, elle a une histoire marquée par plusieurs vagues d’antisémitisme. Envahie et occupée par l’Allemagne nazie, elle a vu périr six millions de ses habitants pendant la Seconde Guerre mondiale dont trois millions de Juifs. Aujourd’hui, la communauté juive de Pologne ne compte plus que 8.000 à 12.000 personnes, selon des estimations. Dans les années 2000, l’historien d’origine polonaise Jan Gross a publié Les Voisins, qui raconte un pogrom en 1941. Le livre a ouvert un débat sans précédent sur l’attitude des Polonais à l’égard des Juifs pendant la guerre, car Gross y levait le tabou de l’antisémitisme d’une partie de la population.

Dans le pays, selon Le Point, les préjugés contre les Juifs seraient toujours tenaces. En 2018, une enquête a été réalisée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, à partir des réponses de volontaires d’origine juive. Elle a révélé que la Pologne était le pays où le pourcentage de personnes ayant entendu ou vu des propos ou actes antisémites était parmi les plus élevés.