«La porte close, fermée. […] Là, notre vie est en pause.» Ces mots sont extraits d’un poème rédigé par une détenue, anonyme, à la prison de Lonay. A l’origine du projet: une amitié entre Marilou Rytz et Monika Bovier. Les deux jeunes femmes se sont connues à la paroisse du Jorat, où elles ont monté un groupe de jeunes adultes, qui a tenu un an: «C’est l’âge où tout le monde bouge!»

Elles aussi se sont perdues de vue. Monika se forme dans les arts graphiques, Marilou part pour un bachelor en création littéraire. Lorsque Monika entame une transition professionnelle pour devenir diacre et a l’opportunité de faire un stage auprès des détenues de Lonay, elle pense immédiatement à Marilou… Qui, elle aussi, a entamé une reconversion comme assistante sociale. Et est passionnée par la question de la prison, qu’elle a explorée notamment dans son travail de bachelor, qui sera publié cette année (Quand papa est tombé malade, Ed. de l’Hèbe).

Désorientation

Les deux jeunes femmes partagent le même regard sur l’univers carcéral, à hauteur d’individu et sans peur ni préjugé. «La première chose qui m’a frappée en entrant dans une prison, c’est le dédale de couloirs et d’escaliers. La difficulté à s’orienter crée une déstabilisation mentale», observe Monika Bovier. «Puis les espaces dédiés aux mamans avec enfants, qui posent beaucoup de questions: certaines préfèrent ne pas avoir de lien avec leurs enfants plutôt que de les avoir dans cet univers. Quel choix faire? Y en a-t-il un bon?» Ce sont ces interrogations crues sur la prison qu’on entend dans les textes rédigés par la dizaine de détenues […]