La réalité vécue est sensiblement différente, avec onze provinces unilingues en anglais, une unilingue en français (le Québec), une bilingue (le Nouveau-Brunswick) et une défense virulente des langues en situation minoritaire, lesquelles ne se résument pas au seul français.

L’Église unie du Canada (EUC) a été confrontée dès sa naissance à cette question éminemment sensible. Si le protestantisme, dit « huguenot », de la Nouvelle-France avait été éradiqué par l’exclusivisme de l’Église catholique, un travail missionnaire protestant au xixe siècle s’était attaqué au bastion catholique québécois et avait donné quelques fruits, malgré le lien charnel noué entre l’Église catholique et l’identité canadienne-française. Pour la mince frange qui faisait le choix d’une confession jugée hérétique voire diabolique, c’était ajouter à la situation de minorité francophone une exclusion sociale jugée comme une trahison. Pourtant, la plupart des paroisses protestantes francophones rejoignirent l’Église unie du Canada en 1925 avec l’espoir d’un nouvel élan missionnaire dans leur langue maternelle. Espoir déçu, car la nouvelle Église, très anglophone […]