Jeudi 27 juin, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a mis à jour sa Liste rouge des espèces en danger. Dans un communiqué publié mercredi 26 juin, l’UICN indique que sa Liste rouge compte 163 040 espèces, dont 45 321 sont menacées d’extinction. "La biodiversité fait face à des pressions croissantes, du braconnage aux changements climatiques, en passant par la propagation d’espèces envahissantes", constate l’UICN. "La récente mise à jour de la Liste rouge de l’UICN est à la fois prometteuse et décourageante, mais souligne le rôle fondamental des évaluations scientifiques pour guider les priorités et les mesures de conservation", a affirmé Anne Bowser, PDG de NatureServe.
Parmi les espèces classées "en danger" figure l’éléphant d’Asie à Bornéo, dont il ne reste environ que 1 000 individus à l’état sauvage. La population de cette sous-espèce a diminué au cours des 75 dernières années, en raison de l’exploitation forestière intensive, mais aussi de l’agriculture et des plantations forestières qui ont réduit l’habitat de l’éléphant. La réalisation de l’autoroute pan-Bornéenne, le braconnage d’ivoire, l’ingestion accidentelle de produits agrochimiques ou encore les collisions avec des véhicules menacent aussi l’éléphant d’Asie à Bornéo. Cependant, des améliorations ont été constatées au cours des vingt dernières années, selon Augustine Tuuga, Directrice du Département de la faune sauvage de Sabah.
Des lézards et des cactus également menacés
Les reptiles des îles de Gran Canaria et d’Ibiza sont, eux aussi, menacés par la présence d’espèces de serpents envahissants. Le lézard géant de Gran Canaria est désormais classé dans la catégorie "en danger critique" quand le scinque de Gran Canaria est passé de "préoccupation mineure" à "en danger". Ces animaux, qui étaient déjà présents sur l’île, sont la proie de la couleuvre royale de Californie, qui a été introduite dans leur habitat en 1998. Les populations de ces deux espèces ont diminué de moitié depuis dix ans, alerte l’UICN. Dans le même temps, le lézard géant de La Gomera, également présent sur les îles Canaries, est passé du statut "en danger critique" à "en danger". Les mesures de conservation mises en place (programmes d’élevage en captivité et réintroduction) ont stimulé ses populations.
"Beaucoup de travail à faire"
Les animaux ne sont pas les seuls concernés par cette liste, puisque des plantes y figurent. Ainsi, la mode des cactus d’ornement en Europe et en Asie menace d’extinction 82% des espèces de cactus copiapoa. Le commerce illégal de ces espèces originaires du désert d’Atacama, au Chili, est en augmentation, ce qui favorise le braconnage. Ces plantes sont aussi menacées par le changement climatique. Comment savoir si un cactus acheté en supermarché est braconné ou non ? "Les copiapoa braconnés ont un ton gris et sont recouverts d’un duvet à l’aspect poussiéreux", indique Pablo Guerrero, investigateur principal à l’Institut d’écologie et de biodiversité, qui précise que les cactus cultivés en serre semblent plus verts.
La publication de cette Liste rouge par l’UICN permet de faire un point sur l’état de la biodiversité dans le monde. "Bien que les plantes et les animaux soient sur la bonne voie, il reste encore beaucoup de travail à faire en ce qui concerne les invertébrés et les champignons. Pour certains groupes, il est essentiel d’augmenter le nombre d’espèces évaluées. Pour d’autres, les réévaluations mettent en lumière l’évolution du risque d’extinction au fil du temps", a déclaré le Professeur Jon Paul Rodríguez, Président de la Commission de l’UICN pour la sauvegarde des espèces.