Dialogue imaginé mais reposant sur des observations faites par Édith Tartar-Goddet au cours de ses rencontres avec des membres de paroisses.
Plusieurs personnes, membres d’Églises locales, sont réunies pour échanger entre elles sur leurs expériences au sein de leurs communautés respectives à l’initiative d’un pasteur ami qui les a rencontrées au cours de sa carrière pastorale.
Les unes et les autres personnes, toutes retraitées maintenant, portent un regard en arrière et leurs yeux pétillent quand elles racontent leur vie d’Église passée, multi-générationnelle, pleine de vie, de jeunesse, de groupes de scoutisme, de projets, de nouveaux membres et de personnes de passage, de temples pleins le dimanche…
«À certains moments on se voyait presque tous les jours. C’était joyeux. On avait plaisir à faire des choses ensemble et à partager notre foi en lisant la Bible. C’est important pour moi de faire partie d’une communauté de croyants.»
« Parfois c’était conflictuel, ajoute l’un d’eux, on se disputait sur des questions d’interprétation ou de théologie mais ça ne nous empêchait pas d’avoir des activités en commun. Beaucoup de gens extérieurs venaient lorsque nous organisions des conférences ou des expositions. C’était le bon temps. Et on avait l’impression de participer, en tant que chrétiens, à la vie de la cité, à la réflexion sociale, à la construction du Royaume…»
«Au début de ma carrière, intervient le pasteur, j’avais beaucoup de collègues autour de moi dans le consistoire et chaque communauté comprenait un grand nombre de familles, plutôt pratiquantes. La paroisse fonctionnait parce que les laïcs étaient nombreux à intervenir et à porter des activités. Aujourd’hui les protestants actifs sont de moins en moins nombreux. L’Église repose sur moins de personnes. Alors c’est lourd à porter pour ceux et celles qui restent…»
«Oui, bien sûr, nous sommes moins nombreux parce qu’il y a moins de croyants affiliés à une Église, complète une participante. Sans doute que ce sentiment d’appartenance-là a moins d’importance pour le plus grand nombre aujourd’hui. Ce n’est pas étonnant d’ailleurs car l’identité d’affiliation (1) est essentiellement centrée sur la consommation. Ne sommes-nous pas consommateurs avant d’être protestants ? Mais le cœur du problème pour moi n’est pas là. Regardez nous ici ! Nous sommes des retraités, plus ou moins jeunes, et toujours pleins d’entrain, d’élan, d’énergie, de désir d’entreprendre. Nous faisons chacun et chacune plein de choses dans le cadre familial et/ou social. Mais quand nous sommes dans nos communautés, on sent bien que quelque chose n’est plus comme avant. L’élan et le dynamisme ne semblent plus là.» […]