Un juge américain a suspendu le décret de Donald Trump mettant fin aux admissions de réfugiés aux États-Unis, infligeant un nouvel échec à sa politique anti-immigration, rapporte le Seattle Times. De retour à la Maison-Blanche fin janvier, le candidat républicain avait signé une série de décrets, dont l’un visant à suspendre l’entrée des réfugiés dans le pays. Le décret présidentiel considérait que le programme d’admission des réfugiés, en place depuis longtemps aux États-Unis, nuisait aux intérêts du pays. Dans cette optique, l’administration Trump avait également suspendu les financements destinés aux organisations impliquées dans ce programme. Cependant, un juge fédéral de Seattle a bloqué son application mardi, le jugeant illégal.
Le décret est ainsi suspendu jusqu’à ce qu’un jugement définitif soit rendu ou qu’une cour d’appel examine l’affaire. Trois organisations américaines d’aide aux réfugiés avaient déposé plainte contre l’arrêt brutal du programme, affirmant qu’il avait empêché de nombreuses personnes, prêtes à voyager, de quitter des zones dangereuses. Depuis des décennies, ce programme permet aux États-Unis d’accueillir des réfugiés et constitue l’une des rares voies menant à la citoyenneté américaine.
Une tentative pour modifier le droit du sol
Sous l’administration de Joe Biden, l’accueil des réfugiés était une priorité. En 2024, près de 100 000 réfugiés ont été réinstallés aux États-Unis, un niveau jamais atteint depuis trente ans, selon des chiffres officiels. Ils viennent principalement de pays en proie à des conflits, comme la République démocratique du Congo, la Birmanie et le Soudan. D’après le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), environ 37,9 millions de réfugiés figurent parmi les 122,6 millions de personnes déplacées dans le monde. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a intensifié sa politique anti-immigration, conformément à ses engagements de campagne.
Son administration orchestre des expulsions spectaculaires, recourant à des vols militaires pour rapatrier des personnes menottées vers des pays d’Amérique latine. Le président a aussi cherché à remettre en cause le droit du sol par décret, un principe inscrit dans le 14e amendement de la Constitution américaine et appliqué depuis plus de 150 ans. Toutefois, cette décision a été suspendue par plusieurs juges fédéraux, ce qui pourrait entraîner une longue procédure judiciaire, potentiellement portée devant la Cour suprême, qui est majoritairement conservatrice.