Ma colère monte devant les réactions des religions et de certains secteurs laïques, sur les questions de fin de vie ! Les responsables protestants prennent peu de distance à cet égard : tout en reconnaissant des demandes, formulées au sein du protestantisme et dans la société, les réserves émises équivalent à un rapprochement avec les opposants aux évolutions nécessaires.

Qu’ il y ait des dispositions à prendre, des dispositifs d’encadre- ment à trouver pour l’aide active à la fin de vie ou l’accompagnement du suicide assisté, je le conçois. Mais il y a un silence assourdissant quant à la course technologique et chimique, jamais mise en question et présentée comme un « progrès » de la médecine au service de la vie. Au bout d’un moment, eh bien… ce n’est plus la vie !

Je vais le dire de façon brute : les progrès de la chimie, des techniques médicales, etc., sont tels que la vie maintenue (je ne parle pas de l’acharnement thérapeutique) n’est plus le temps de vie que Dieu me donne.

Oui, il est temps de dire que devant les données actuelles, le temps de ma vie et le temps de ma mort doivent pouvoir venir de ce qui se passe en ma conscience devant Dieu.

En ce sens, il est temps d’ouvrir la voie du suicide assisté.

Il est certes fondamental de poursuivre l’accompagnement humain de la fin de vie, mais il est grand temps de cesser de mettre la pression idéologique et morale d’une vie qui serait une fatalité à poursuivre jusqu’à plus soif, d’une vie qui serait sacrée.

Je le crois : la vie, le souffle de vie, est un don de Dieu. Pas dans l’« essence » de l’homme, vieille philosophie qui a perverti le message évangélique, mais dans le cheminement existant et relationnel de l’homme, ce qui est tout autre. Et il faut apprendre à l’humain à recevoir sa fin, ce que la conception médicale contemporaine se refuse à concevoir.

Certains médecins disent que ce serait contraire à leur déontologie ; il faut l’entendre : dès lors que cette déontologie ne devient pas un manuel de procédures et de protocoles pour la vie toujours plus loin, sans dialogue avec l’être humain qui est devant ce qui est essentiel à ses yeux, à partir de quoi le « pouvoir médical » n’est plus rien.

Et il y a un moment où le cri « Basta ! » doit retentir comme le meilleur témoignage sur la vie. Bref : cessez de nous voler notre mort ! Elle fait partie intégrante de notre vie.

Extraits de réponses faites aux lecteurs sur Facebook

« (…) Certains donnent du sens à pouvoir mener le combat de la vie jusqu’au bout, mais nul ne peut m’as- signer à un combat que je ne désire pas mener. Or les seules solutions qui sont offertes, c’est justement de devoir entrer dans ces combats non désirés. »

« (…) L’enjeu n’est pas de nier ou d’effacer nos peurs, nos détresses, mais de savoir comment je laisse retentir dans ma vie (déjà achevée, déjà finie) les paroles d’espérance de la vie éternelle (déjà commencée, parfois à mon insu). La bataille sur la fin de vie, tout autant que juridique ou éthique, est théologique et spirituelle ! »

Par le pasteur Jean-Christophe Muller