Médhie Marinette, bonjour ! Quelques mots de présentation ?
Je suis Française, Guadeloupéenne, chrétienne, issues des milieux charismatiques et pentecôtistes. Je suis infirmière de formation, actuellement secrétaire générale de la CEAF (Communauté des Églises d’expression Africaine Francophones), après y avoir été chargée de communication. Je suis aussi fondatrice du ministère FemmEsprit[1].
Comment est né FemmEsprit ?
Ce ministère a été créé en 2011, mais j’ai reçu le nom deux ans avant, en 2009, lors d’un temps de prière. Je croyais au départ que c’était une marque de vêtement, mais non ! FemmEsprit répondait à un manque. A l’époque, j’ai constaté que les jeunes sœurs étaient souvent abonnées à des blogs, des sites anglophones, mais qu’il n’y avait rien, ou presque, du côté de la francophonie. C’est pourquoi je me suis lancée, pour répondre à un besoin des femmes chrétiennes francophones. L’angle est chrétien, ouvert aux directions du Saint-Esprit.
Comment s’est développé ce ministère ?
FemmEsprit a commencé par un magazine, pour éviter aux chrétiennes de trop dépendre de Google. Pour moi, l’idée d’un Google qui a réponse à tout, ce n’est pas chrétien. Je voulais offrir une alternative aux femmes, un espace où elles peuvent poser leurs questions, être accompagnées d’un point de vue chrétien. J’ai constaté qu’en matière de mariage, de sexualité, de relations conjugales, d’éducation des enfants, il y avait beaucoup d’enjeux concrets pour les femmes. Pour les hommes aussi d’ailleurs ! D’où l’idée d’un magazine numérique, au départ, pour offrir des ressources. Le format numérique était préférable en matière de gestion des coûts. L’idée était de commencer, mais surtout de tenir dans le temps. J’ai constaté qu’il y a beaucoup de tentatives qui ne duraient pas. De mon côté, je n’étais pas encore riche, alors je me suis dit que pour durer, il fallait que j’utilise un biais qui me permette de tenir. J’ai entendu parler de WordPress, un ami m’a aidé à faire le site puis m’a formé et ensuite, j’étais autonome, j’avais juste besoin de trouver des chroniqueuses. Cela a fonctionné. Dès le premier mois j’avais 15000 lectrices/lecteurs. On est monté rapidement jusqu’à 20.000 sur Facebook. Sur instagram, plus tard, nous avons été hackés, il a fallu recommencer, mais maintenant nous y avons plus de 860 abonnés et cela progresse. Ce média répond à une vraie demande, accueille de vrais questionnements. Beaucoup de personnes consultent le site, mais ne laissent pas de commentaires. On perçoit qu’il y a des questions, une souffrance, un besoin, mais on n’ose pas le partager publiquement. C’est cela qui a marché, mettre des mots sur des demandes, des attentes jusque-là inexprimées. FemmEsprit propose un espace sûr, et sans publicité.
A partir de ce magazine, quelle évolution ?
Au fil des années, le ministère FemmEsprit a bien évolué, et a élargi sa gamme. Au bout de 4-5 ans, nous avons organisé une première Conférence FemmEsprit en région parisienne, en 2017. C’est la communauté qui l’a demandé, les femmes le souhaitaient. Nous avons rassemblé entre 150 et 200 femmes qui venaient au Bon Berger, une Église basée à St Denis (Avenue du président Wilson, 93). Cette assemblée a vraiment soutenu le ministère. A l’époque, nous avions pu louer toute l’église pour 200 euros, un miracle ! Nous avons ensuite tenu un rythme annuel 2017, 2018, 2019, avec un thème particulier à chaque fois, comme « Découvrir son appel », ou « l’épanouissement de la femme ». Les récapitulatifs sont disponibles sur notre chaîne Youtube[2]. Nous avons mis en place aussi des ateliers FemmEsprit. Ce sont des événements en petits comités pour permettre aux femmes de parler et d’aborder des sujets plus sensibles. Par exemple, un des ateliers, « guérir des blessures émotionnelles » a été animé en coordination avec une psychologue chrétienne. L’idée est de faciliter la libération de la parole, et avoir de l’interactivité. Puis il y a eu le COVID. Cela nous a conduit, en 2021, à organiser notre conférence annuelle entièrement en ligne. Nous avons pu revenir à la normale, en présentiel, en 2024. La prochaine édition aura lieu en 2026.
Quelle place prend l’étude de la Bible ?
Elle occupe une place grandissante. En matière de prière, dès le début, le ministère s’est positionné très fortement. En matière d’étude biblique, cela s’est fait plus progressivement. J’ai pris conscience qu’il était nécessaire d’approfondir ma propre connaissance de l’Écriture, pour éviter le recours aux versets « hors contexte ». Je viens des milieux charismatiques et pentecôtistes. J’ai éprouvé le besoin de me former dans un autre cadre, pour compléter mon approche. Basée à Lille, je suis partie me former dans une école biblique à Bruxelles, tenue par les baptistes. Je pensais rester une année, mais en fin de compte je suis restée trois ans et demi, de 2019 à 2023, ce qui m’a permis de réformer mon système de pensée par rapport au recours à la Bible. Cette formation a ensuite permis de mettre en place des programmes d’études bibliques pour les femmes, le Membership FemmEsprit, avec une méthodologie d’étude que j’ai créé. Une trentaine de femmes se sont tout de suite montrées intéressées par ce concept. Alors on a formalisé les choses. Je vois cela comme un complément de la vie d’église. Dans beaucoup d’églises, il n’y a pas beaucoup de discipulat. Cette formation, basée sur plusieurs supports (digital, papier) permet d’approfondir, et de former des femmes.
Un dernier mot sur la francophonie ?
Dans ce ministère francophone, environ 50% des femmes engagées dans FemmEsprit viennent de France, en majorité de région parisienne. L’autre moitié se répartit entre le Canada (un peu), le reste de l’Europe (Belgique en particulier) et l’Afrique. La dimension francophone nous relie, dans une approche concrète basée sur l’accompagnement des questions des femmes par la Parole de Dieu et le Saint-Esprit, pour répondre avec confiance et équilibre aux défis de la vie, du couple et de la famille.
[1] Site internet : https://femmesprit.org/
[2] Chaîne YouTube de FemmEsprit : https://www.youtube.com/c/FemmEspritTV. Chaîne fondée le 6 octobre 2012, 220 vidéos postées à dater d’octobre 2025 (et plus de 274.000 vues).